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Mercredi 15 Juin 2022
Ma vie de soigneur vol.4
Salut les Lumbricus terrestris.
Pour faire suite à certains commentaires et parce que en
fait ça serait bien de partir de la base, cette fois on va parler de l’utilité
des structures zoologiques. D’ailleurs je préfère dire « structure
zoologique » parce que parc animalier, zoo, éco-zoo, réserve zoologique,
etc c’est la même chose d’un point de vue juridique : une structure à
caractère fixe qui présente de la faune non-domestique.
Le nom change juste pour renvoyer une image précise. Dès qu’il y a
« zoo » on s’attend à de la faune exotique alors qu’avec « parc
animalier » c’est plus de la faune locale.
Il pourrait être intéressant pour commencer de parler de
« l’histoire des zoos », mais d’une part ça va être long et d’autre
part je préfère vous renvoyer sur cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Vot49m6Pfjs
J’aurais aimé vous trouver la vidéo conférence de Manon Brill à laquelle j’ai
participé et qui traite de ce sujet mais elle n’est pas ou plus disponible,
certainement parce que le format conférence n’était pas pratique et que ça
ferais doublon avec sa collaboration.
Alors commençons. En France les structures zoologiques sont régies par
plusieurs lois dont notamment la « Loi zoo » (arrêté du 25 mars
2004), mais aussi plusieurs autres en liens avec des espèces précises ou des
thèmes particuliers, mais la Loi zoo fait vraiment la trame de fond et les
grandes lignes actuelles.
Dans cette loi (chapitre 6), il est écrit les missions essentielles des structures zoologiques que l’on peut résumer comme ceci :
- La transmission de connaissance
- La participation à la conservation
- La recherche
La transmission de connaissance est la mission la plus
simple à se représenter. Il s’agit principalement des panneaux pédagogiques et
des animations (les spectacles peuvent en faire partie s’il y a un fond
pédagogique). Mais cette mission concerne aussi les structures zoologiques
entre elles, car nous avons l’obligation de partager nos connaissances avec les
autres structures, choses qui n’était pas obligatoire avant cette loi. Du coup
avant on pouvait avoir des situations où la composition des rations était plus
ou moins secrète afin que d’autres structures n’arrivent pas à maintenir en
captivité des espèces complexes et ainsi en garder le monopole. Dans d’autres
cas c’était les paramètres de températures et d’hygrométrie pour l’incubation
artificielle des œufs par exemple.
Même si fondamentalement c’est une mission assez simple en pratique ça l’est
beaucoup moins… Réussir à faire un panneau pédagogique qui résume suffisamment
tout en étant attractif n’est pas ce qu’il y a de plus simple. Globalement plus
on véhicule de l’émotionnel en délivrant le message plus on l’ancre
profondément, mais il ne faut pas non plus être trop négatif ou culpabilisant.
Les nouvelles technologies aident pas mal aussi, les panneaux avec un QR code
vont devenir à la mode je pense.
Une petite photo d'animation de soirée brame que je réalise dans la structure où je taf. (Vous apprécierez j'en suis certain mon talent pour retoucher les photos.)
Un petit exemple de panneau pédagogique présent au Parc animalier de Sainte-Croix. Là c'est le genre de format avec plein d'info, mais il y en a aussi sous forme de jeu ou même de bande dessiné, malheureusement pour ce dernier exemple je ne retrouve plus la photo...
C’est souvent l’aspect le plus décrié par les anti-zoos à base de « Moi je n’ai pas besoin d’aller dans un zoo pour savoir ceci ou cela. » Et bien tant mieux pour toi si un documentaire ou même un livre te suffit, cependant pour d’autres personnes avoir du tangible/de l’émotionnel c’est important et même essentiel.
La participation à la conservation. Le terme de
« participation » est vraiment très important, car il permet à de
petite structure de ne pas avoir d’espèces menacées dans leur présentation mais
de participer soit financièrement, soit par la pédagogie.
Les structures qui par contre ont la possibilité d’avoir des espèces menacés participent
à des programmes d’élevages, les EEP et les ESB. (Voir ici https://lelombrik.net/143040 pour une
petite explication de leur fonctionnement).
Globalement la mission de conservation des structures zoologiques fonctionnent
très bien et des espèces disparues à l’état sauvage (parfois juste dans
certaines zones) ont par la suite été relâché. Voici un petit panel d’espèce
qui ont des programmes qui ont soit sauvé l’espèce de l’extinction soit évité
son extinction en renforçant les populations : Putois à pied noirs, Cheval
de Prjevalski, Bison d’Europe, Outarde canepetière, Vautour fauve, Coronelle lisse,
Sonneur à ventre jaune. Y en a certainement pour les poissons, arthropodes et
mollusques mais j’avoue que je n’en connais pas.
Là aussi c’est un aspect qui est parfois pointé du doigt quand une structure ne participe pas activement à la conservation. Mais comme dit plus haut, financer des programmes et simplement dire lors d’une animation « Pensez à garder un petit coin de hautes herbes dans votre jardin » ça reste de la participation à la conservation, certes à petite échelle, mais c’est mieux que rien non ?
Enfin la mission la plus complexe, la recherche.
Pour le coup c’est vraiment de la recherche avec un grand R, puisqu’on a des
études éthologique afin d’adapter le mieux possible les
enclos/volières/vivarium, des recherches plus fondamentale comme les études sur
les fluctuations hormonales d’une espèce afin de mieux comprendre son cycle de
reproduction et ainsi maximiser les chances d’accouplement, ou des études
encore plus « exotique ».
Personnellement j’ai participé à une étude sur la dissémination des graines par
les herbivores. Chaque matin il fallait placer des graines coloré sur des
biches et des chèvres et le reste de la journée observer où et comment les
graines étaient tombées ou passées d’un animal à un autre et enfin le soir on
réalisait un check complet des animaux pour savoir combien il restait de graines
dans le pelage. (Là t’es particulièrement content d’avoir des animaux
coopératifs qui se laisse brosser).
Une autre participation était sur la compréhension du cycle hormonale des
biches de cerfs élaphes, une fois ce
cycle compris mettre en place un protocole d’extraction des ovocytes afin de
faire des fécondations in-vitro et de réimplanter des embryons sur des biches
porteuses.
Cette dernière étude fait un peu « et si je jouais au savant fou ? »
le but final était d’avoir un protocole pour doper les naissances de certaines
espèces de cervidés via des mères porteuses d’une autre espèce. D’ailleurs c’est
cool ça fonctionne, maintenant on est au deuxième stade de cette étude qui est
de savoir comment se comporte les individus qui sont nés via ce processus,
notamment avec qui ils s’accouplent ? Leur espèce ou celle de leur
mère ?
Pour ces deux études mon rôle c’était simplement de m’occuper de la
manipulation des animaux, faire quelques prises de sang au besoin et un peu de
surveillance post opératoire, rien de très fifou, je ne suis que soigneur après
tout (comme quoi quand je dis qu’au final c’est un peu comme un taf
d’infirmière).
La biche de la photo précédente une fois réveillé. Bon, ok elle a l'air d'avoir la tête dans le cul.
Ce rôle des structures zoologiques est souvent peu connu, du coup les anti-zoos nous laissent assez tranquille sur ce point. C’est vrai que certaines études semblent étranges et dans certains cas elles ont même déjà été réalisé, ce qui n’empêche pas d’avoir des données supplémentaires/complémentaires et ainsi pouvoir détecter une modification/erreur.
Voilà voilà, c’est tout pour cette fois.
Vendredi 06 Mai 2022
Mardi 12 Avril 2022
Ma vie de soigneur vol.3
Bonjour à toutes et à tous.
Alors cette fois utilisons la saisonnalité pour vous parler de ce métier. (Je voulais poster ça en hiver… ha haa..)
L’hiver (ou basse saison) certaines structures sont fermées et il est donc parfois un peu compliqué de savoir ce qu’il s’y passe, je vais donc vous expliquer un peu tout ça sans non plus vous faire crouler sous les détails.
Le plus logiquement du monde c’est pendant cette période qu’une grande partie des travaux vont être réalisé. Forcément pas de visiteurs alors pas de risque d’accident ou de gêne avec ces derniers.
Alors même si la création d’un bâtiment et de son cahier des charges pour accueillir une espèce c’est très intéressant, ça ne sera pas le sujet de ce post. Là nous allons nous intéresser à une autre activité qui est souvent réalisé durant cette période : la gestion des effectifs des pensionnaires.
Alors forcément si vous vous occupez bien de vos animaux (et vous le faites parce que vous êtes consciencieux et que de toutes manières c’est la Loi) vos pensionnaires vont s’accoupler et faire pleins de petits.
Alors c’est chouette d’avoir des naissances mais au bout
d’un moment on risque la surpopulation (et même sans la risquer, on a des
effectifs à respecter, on a droit à X individus d’une espèce, pas plus).
Deux méthodes viennent donc éviter cette conséquence d’amour bestiale.
- Prévenir les naissances à la source.
- Faire partir les individus en surplus.
Prévenir les naissances ce n’est pas trop compliqué sur le
papier, mais vachement plus en pratique.
Soit papa ne rencontre jamais maman parce qu’ils ne sont pas dans le même
enclos pendant la saison d’accouplement, voir même ils ne se rencontrent
jamais, soit on va stériliser un des deux sexes.
Alors comme je l’ai dit, sur le papier c’est simple, mais
certaines espèces ne peuvent pas être stérilisées, les mâles cervidés ne
peuvent pas être castrés (problème de pousse des bois) pour d’autres c’est les
femelles et de toutes manières c’est des frais vétérinaires et une
impossibilité à revenir en arrière si jamais l’espèce se casse la gueule en
termes d’effectif et qu’il faut remonter la pente. A utiliser avec parcimonie.
Pour d’autres c’est essentiel que les deux sexes soit présents dans le groupe
afin d’avoir des comportements sains et séparer les deux sexes juste avant la
période de reproduction implique qu’il doit y avoir une période de reproduction
bien définie et que ça ne soit pas non plus trop complexe à faire, ce qui est
évidemment rarement le cas.
L’autre solution est de faire partir les individus en
surplus. Là aussi c’est plus complexe. Comme dit précédemment, chaque structure
à des effectifs maximum pour chaque espèce, donc ça déplace simplement le
problème.
C’est pour ça qu’il y a des programmes d’élevages (EEP) qui se concentre
évidemment sur les espèces en danger afin de faire varier les génétiques et
avoir une traçabilités de chaque individus dans le monde, mais certains
programmes servent justes à mieux s’organiser pour gérer les reproductions
(ESB).
Cet énorme taf de gestion global, c’est celui d’un coordinateur. Il gère au
niveau mondial les déplacements de chaque individus d’une espèce qui bénéficie
d’un programme et croyez-moi, faut être vachement organisé, patient et savoir
au moins parlez parfaitement l’anglais (je ne le suis pas, mais un ancien
collègue est coordinateur pour des espèces de caprins, il pensait que ça allait
être facile à gérer comme espèces, ah ah ah…).
Quand un coordinateur dit que machin va partir s’accoupler avec bidule, c’est
une décision quasi irrévocable puisque les individus qui sont intégrés dans un
programme appartiennent au programme (et plus globalement à l’EAZA, European
Association of Zoo and Aquarium) et non à la structure qui les héberge. Heureusement les coordinateurs sont
généralement prévoyant et en remplacement d’un individu qui part, assez souvent
on en reçoit un autre avec parfois des petites contraintes du style « pas
de repro avec celui-là » ou « cet individus est problématique alors
comme vous avez de la place on vous le passe ». Ainsi pas d’enclos vide.
Bon c’est très bien tout ça, mais encore une fois ça ne fais que déplacer le problème, du coup il faut réinjecter dans la « nature ». Pour ce faire encore une fois le coordinateur va choisir des individus qui vont partir en programme de réinsertion. Ces individus vont ensuite être coupé de toutes présences humaines et réapprendre à se débrouiller seules. Puis suivant l’espèce, l’individu et la situation, soit les petits de ces individus seront relâché, soit c’est tout le monde. Les espèces « proies » sont évidemment plus simple à relâcher que les espèces prédatrices, un lion qui vient fouiller dans les poubelles ça fait toujours mauvais genre.
Enfin il reste une dernière possibilité, que l’on utilise sur les espèces « proies », tout simplement la donner à boulotter à son prédateur naturel. Les carnivores des structures zoologiques ont besoin de boulotter de la bidoche, alors plutôt que de leur donner les rebus de consommation humaines (carcasse vidé de la viande, invendu des rayons viandes) donnons-leur ce qu’ils mangeraient à l’état sauvage. Outre l’aspect de gestion vachement plus simple, pédagogiquement c’est vraiment important (je ne compte plus le nombre de fois où l’on m’a demandé si les tigres mangeaient des grosses croquettes pour chat), mais en plus pour les animaux c’est plus équilibré, plus sains et ça occupe l’animal de découper son repas.
D’ailleurs l’abattage d’animaux se fait parfois sur les
prédateurs, mais c’est exclusif aux réserves. Ainsi en désignant un individu
particulier, une personne en payant un prix conséquent va pouvoir tirer sur un
animal (c’est globalement le genre de photo choc que l’on voit). Ceci permet de
juguler le braconnage de chasse et de trophée en plus de créer un revenu plutôt
bienvenu pour continuer à gérer la réserve (genre en payant les gardes). Et de
toute manière sinon ça aurait été un des gardes qui aurait tiré l’animal parce
que ce dernier est devenu trop problématique ou alors il s’est déjà trop
reproduis.
Voilà, pas d’anecdotes croustillantes cette fois. J’espère que le sujet vous aura quand même intéressé.
J’aime bien ce sujet parce qu’il permet d’expliquer tout plein de notion pas ou
peu connue du grand publique et pourtant elles sont très importante. (C’est
globalement le genre de connaissance qui manque aux personnes anti-zoo).
Lundi 01 Novembre 2021
Ma vie de soigneur vol.2
Le premier volet à eût l’air de vous plaire, je vais donc vous faire un volume deux.
Je suis maintenant soigneur animalier depuis une bonne dizaine
d’année et il m’est arrivé des choses assez dingues, je vais donc vous en
raconter quelques-unes.
Durant l’un de mes jobs de soigneur j’ai dû faire des
spectacles, notamment avec des chiens loups de Saarloos. C’est une race de
chien très proche du loup physiquement et mentalement. L’esprit de meute est
vachement développé chez eux, c’est ce qui est à la base de cette anecdote.
J’ai dû remplacer au pied levé un soigneur qui c’était bêtement blesser chez
lui et qui ne pouvait donc plus bosser pendant quelques temps. Apprendre mon
rôle pour le spectacle en une semaine c’était pas trop compliqué, mais me faire
accepter et obéir par la meute en si peu de temps c’était autre chose, vu qu’à
la base j’étais affecté à un autre secteur du parc.
Le dominant était assez sympa et obtenir sa confiance et son respect ne m’a pris qu’une bonne journée de travail. Une fois que je l’ai eût dans la poche le reste de la meute à plus ou moins naturellement suivie le leader parfois légèrement à reculons par crainte d’un nouvel individu, mais c’était parfaitement normal. Par contre il y avait un jeune mâle (le bêta) qui briguait la place d’alpha dans la meute et qui donc se « battait » plus ou moins avec lui et au final contre moi par la suite.
C’est lui qui a posé problème. Qu’il ne m’écoute pas passe encore, c’est une question de temps je l’aurais à l’usure tout comme ceux qui avaient peur de moi, de jour en jour ils devenaient moins craintif et obéissait à de plus en plus d’ordre. Chaque jour je venais au travail une bonne heure avant mon embauche pour aller dans leur enclos et rester avec la meute pour prendre un petit déjeuné et leur filé un bout, idem le midi je ne mangeais plus avec mes collègues mais j’allais manger dans leur enclos et pareil le soir je quittais plus tard que la normale pour rester manger avec la meute et encore une fois partager mon repas. J’affirmai ma place de nouveau leader de la meute et ça marchait super bien. Quand j’avais le temps de prendre une pause, hop j’allais les voir. Le mieux c’était la pause du midi, après avoir mangé je pouvais m’allonger contre certain individu et me reposer.
Cependant les jours défilaient et au bout d’un moment ça stagnait à cause du mâle bêta, à force de ne pas m’écouter, d’essayer de me mordre (ou d’y arriver sans mettre de force toutefois) il émaillait mon autorité sur la meute. Puisque pour le moment adopter leur code fonctionnait (le partage de nourriture), je me suis dit je devais pousser plus loin.
Pendant la pause du midi après le partage du sandwich et la distribution de croquette j’ai fait exprès de m’accroupir dos au bêta. Sachant qu’à chaque fois que je lui laissai une occasion de me mordre il essayait, à moi d’utiliser ça et en prime avec le soleil je pouvais voir son ombre. Dès qu’il m’a sauté dessus je me suis décalé pour lui rendre la pareil et le plaquer par terre. Forcément début de combat certain individus de la meute sont venu participer, un coup de pied sur les flancs pour les dégager, un rappel à l’ordre et il ne restait plus que moi assis sur le bêta. J’ai donc pu tranquillement le mordre au niveau de la nuque comme le faisait le dominant quand il le remettait à sa place. Entre le bruit des autres chiens et le cri de celui que j’étais en train de mordre le reste de l’équipe du parc c’est imaginé le pire. Quand ils sont arrivés le reste de la meute c’était assis, tous à leur place (ils ont chacun une place attitré dans l’enclos pour le nourrissage par exemple), il n’y avait que moi la bouche rempli de poils et le bêta encore part terre. Je lui ai ordonné d’aller se mettre à sa place sans hausser la voix, il y est allé tranquillement la queue entre les jambes. Après ça il n’a plus jamais essayé de me mordre, la meute me respecta sans avoir l’air de me craindre. Le bêta est devenu mon élément préféré de la meute et pendant les pauses c’était souvent lui qui venait près de moi pour demander des caresses.
A la relecture ça fait long… Du coup je ne vais mettre que celle-là et passer aux anecdotes « négatives ».
On est au mois de Mars, je traine dans l’enclos des daims pour récupérer les bois qui sont tombés, au loin je vois des gens lancer du pain, je commence à me diriger vers eux pour leur expliquer pourquoi il ne faut pas le faire et soudain il jette quelques choses de verdâtre. Pensant à du pain bien pourri je vais le ramasser, sauf que c’était un berlingot de compote. Donc je ramasse le berlingot, et m’approche d’eux. Je leur demande s’ils ont conscience de ce qu’ils ont lancé. La mère me rassure et me dit « ne vous inquiétez pas on à enlever le bouchon ». Sur le coup j’ai tellement été pris au dépourvu que je n’ai pas trop su quoi répondre.
En pleine été, le talkie sonne. Un soigneur est demandé d’urgence
à la boutique. Je suis à côté je m’y précipite pensant au pire. Une femme en
furie est en train d’insulter les vendeuses et selon elle les animaux sont détenus
dans des conditions lamentables et qu’on a bien de la chance pour des monstres
comme nous d’avoir des visiteurs qui donne un peu d’herbe à nos pauvres bêtes.
Je la calme, lui demande de me raconter ça.
J’apprends donc qu’elle parle de l’enclos des rennes et qu’elle a donné de l’herbe
à ces dernières.
Je lui explique que les rennes sont super sensibles niveau système digestif et
que au final c’est possiblement elle qui est un monstre parce que connaissant
les plantes qui poussent près de cette enclos si jamais elle est allée un peu
loin, y a du lierre, rien de mieux pour leur donner la chiasse. Au final on va
vers l’enclos, ce qui me permet de lui montrer les panneaux interdisant de
donner à manger au animaux et réexpliquant ce que je viens de lui dire,
heureusement elle n’a donné que de l’herbe, mais un sacré paquet que je me suis
empressé d’enlever.
Quelques mois après la médiatisation du déploiement de la 4g
en France, on est dans le mois de mars. Je me trouve dans la basse-cour du
parc, tranquillement en train de ratisser au doux sont des glou-glou et des
coin-coin. Une femme m’appel, je m’approche et elle se met à m’insulter. Encore
une fois mes animaux sont dans un état lamentable, c’est ignoble de leur
infliger ça.
Poliment je lui demande de m’expliquer plus en détail. Nouveau flot d’insulte
parce qu’en plus je comprends rien. Je rentre dans son jeu et lui dit que
puisque je suis aussi con justement c’est le moment de m’expliquer.
Cette brave dame me montre donc les canards coureurs indiens qui sont près de
moi. Encore une fois incompréhension total de ma part. Je lui demande en quoi
mes canards n’ont pas l’air de bien aller. Rebelotte pour les insultes, j’en
viens à me demander si elle n’a pas Tourette. Elle finit par me montrer la tour
téléphonique au loin puis me remontre les canards. A ce stade ça deviens difficile
de rester polis surtout que je ne comprends toujours rien (et vous non plus).
Au final il s’avère que c’était une illuminée qui pensait que les ondes avaient
transformé mes canards et que c’est pour ça que mes daims perdaient leur « cornes »
ou que certains avaient des « cornes tordus ». J’ai bien essayé de
lui expliquer, mais j’avais apparemment réponse à tout et nouveau flot d’insulte
et elle est partie.
Voilà voilà, j'en ai encore pleins d'autres, mais on va éviter de faire un post de 10 pages.
N'hésitez pas a raconter vos anecdotes dans les commentaires.
Dimanche 03 Octobre 2021
Ma vie de soigneur
Alors puisque ça été gentiment demandé et qu’apparemment ça ferait plaisir, voici donc un peu de quoi vous immerger dans mon boulot de soigneur animalier sans être aussi gnian-gnian que dans « Une saison au zoo » ou d’autre émission du même style puisque je vais vous présenter à la fois les bons côtés et les mauvais côtés.
Donc si ça plait je ferais sur d’autres thèmes/sujets que vous pouvez d’ailleurs suggérer.
Commençons donc par un sujet mignon qui peut se révéler néanmoins bien glauque.
En tant que soigneur animalier il m’arrive régulièrement d’avoir à m’occuper de jeunes animaux recueillis par des gens. La structure où je travaille n’ayant pas encore de pièce attitrée pour les soins (mais ça va venir) pour le moment ça atterris chez moi. Puisque je suis aussi le gardien de cette structure, ma maison de fonction étant directement à côté de ladite structure ça à son côté pratique mais aussi pas mal d’inconvénients.
Dans la grande majorité des cas on m’apporte souvent des faons de chevreuil, mais j’ai aussi droit à des marcassins, des oiseaux, bref un peu de tout. Et dans la grande majorité des cas il ne fallait tout simplement pas ramasser l’animal, la Nature est bien faite tout de même, voyons quelques exemple.
Pour le cas des faons, les mères laissent leurs petits pendant qu’elles vont s’alimenter. Les jeunes faons n’ayant pas d’odeur durant les premières semaines de leur vie, il y a peu de chance que les prédateurs arrivent à les trouver et boulottent un petit faon (et puis faut quand même des prédateurs… haha la bonne blague). Donc pour le cas des jeunes cervidés la règle est simple, si on n’est pas certain à 100% que la mère est morte (ce qui implique donc de tomber sur un cadavre de femelle non loin du faon) on ne ramasse pas le faon.
Idem pour les jeunes oiseaux « tombés » du nid. Il arrive que des jeunes oisillons soient un peu pressé de découvrir le monde et sortent du nid sans savoir voler, quand bien même ils ont un plumage qui fait très adulte. Ce qui explique les fausses impressions d’ailes « cassées » ou d’animal « déboussolé ».
Il n’en reste pas moins des jeunes qui se font encore nourrir et protéger par les parents. Dans ce cas si ça vous arrive de tomber face à ce cas le mieux est de mettre l’oisillon légèrement en hauteur près de l’endroit où vous l’avez trouvé. Encore une fois dans le cas où vous tombez sur un cadavre d’adulte proche du nid, le mieux est d’appeler une structure compétente avant de faire quoique ce soit. Si avoir un faon dans son coffre passe encore au niveau de la loi, avoir un jeune rapace passe beaucoup moins bien et ça pourrait vous apporter de gros problèmes judiciaires.
Hop fournée de photos pour égayer le sujet.
Je vous présente « Débillus » un petit mâle (on voit l’emplacement des futurs pivots sur le haut de sa tête), j’ai pour principe de ne jamais donné un nom avant une bonne semaine à biberonné l’animal, ça évite de trop s’attacher au cas où. Comme celui-là était une grosse nouille, le surnom est resté. Je n’ai pas de photo du jour où on me l’a apporté, ici ça faisait une bonne semaine qu’il était arrivé chez moi ce qui lui faisait entre 2 et 3 semaines au compteur. Son sauvetage est tout à fait légitime, la mère c’est fait renverser par une voiture. (Année 2021)
Voici une petite femelle de chevreuil nommé « Kroma ». Approximativement 5 à 6 jours quand on me l’a apporté et ça faisait quasiment 3 semaines que j’avais Débillus en biberonnage. Des gens l’on « trouvée » lors d’une ballade l’après-midi, rapportée chez eux, puis ne se sont inquiétés de son sort que le lendemain… Déjà trop d’odeur sur elle (elle sentait le parfum en arrivant, surement à cause de la couverture sur laquelle elle était posée), donc impossible de la remettre en pleine nature, sa mère aurait fait un rejet. (Année 2021 aussi si vous suivez bien).
Comme vous pouvez le constater on remarque une belle différence de taille entre les deux, forcément Débillus à environ un mois de plus. Ils coulent tous les deux des joueurs heureux dans l’enclos à chevreuil de ma structure après plusieurs mois de biberonnage.
Mais ça c’est les réussites après plusieurs échecs…
Le tout premier faon que l’on m’a apporté je n’ai pas de photo. Ce dernier est mort dans mes bras après une journée. Son nombril était infesté d’asticots et en prime il avait quelques tiques à droite à gauche. Enlever les tiques était relativement simple, mais accéder au nombril est beaucoup plus compliqué. Je l’ai apporté à mon véto qui n’avait encore jamais anesthésié de faon, du coup entre le stress, le produit anesthésiant un poil trop dosé: le cœur a lâché. Massage et bouche à bouche pour le réanimer, mais ça ne lui a offert qu’une petite heure de sursis. L’ironie c’est que ce faon a été ramassé par des élèves de GPN (Gestion et Protection de la Nature), autant dire que quand ils me l’ont apporté je les ai bien engueulés. (Année 2018)
Celui-là se nomme « Oscar ». Environ 2 à 3 jours pour lui à son arrivé. Des gens qui vivent en bordure de champs l’on remarqué de loin et après 24h à ne pas voir la mère aux jumelles (c’est à croire que c’est gens ne dorment pas) ils me l’ont apporté. Encore une fois plein d’odeur… Vu son âge j’avais peur qu’il n’ait pas eu assez de colostrum mais au final tout c’est bien passé, enfin au début.
Cette deuxième photo d’Oscar a été prise quelques jours avant sa mort. J’ai fini par le déplacé de chez moi à l’enclos de quarantaine du parc puisqu'il mangeait solide (un misérable enclos de merde pensé par un architecte tout aussi merdique, je pourrais faire un post entier pour énumérer tout ce qui ne va avec cet enclos mais ça vous saoulerait probablement) et manque de bol j’ai malheureusement dût m’absenter pendant une petite semaine. Ma femme est allé s'assurer qu'il allait bien (lol il n'avait plus d'eau, merci les collègues). A mon retour il avait choppé des vers. Direct traitement antiparasite, mais il était déjà trop faible je l’ai retrouvé mort le lendemain. Hop une bonne grosse dépression, une semaine à ne pas trouver le sommeil, remise en question sur le fait que je sois un bon soigneur, etc. Bref ma femme m'a ramassé à la petite cuillère. (Année 2019)
Enfin mon dernier "échec", « Timon ». Le nom vient des stagiaires vétos qui m’ont appelé pour venir chercher le faon à la clinique. Comme vous pouvez le constater il était plus âgé que les autres quand j’ai dut récupérer le biberonnage. Ce qui est assez fâcheux puisqu’il n’a jamais voulu du biberon. Il était déjà trop habitué à sa mère. Malgré toutes les astuces, les différents types de lait ou le fait de lui laisser un bol ou de la nourriture solide, rien n’a été. Il est mort de faim sans que je puisse faire quoi que ce soit. En le voyant je savais direct que ça n’allait pas le faire mais j’ai quand même essayé, sur un coup de chance ça passe, là non. (Année 2020)
Entre autres animaux j’ai eût l’occasion de m’occuper de jeunes corneilles, d’un renardeau et d’un marcassin et même d’un faon de renne, mais c’était dans une autre structure et je n’avais pas le réflexe de faire des photos (d’ailleurs toutes les photos ici c’est ma femme qui les a faites, comme quoi je ne l’ai toujours pas).
Alors sur le principe ça a l'air chouette de biberonner des animaux, mais c'est un boulot à plein temps pendant un autre boulot à plein temps. Biberons toutes les 2h au départ, idem la nuit, puis petit à petit on peut espacer, faire moins la nuit aussi. En fait comme un nourrisson, sauf que en général vous avez un congé parental pour le nourrisson.
D'ailleurs là, pour les faons il n'y a que moi qui pouvait leur donner à manger, ils n’acceptent personnes d'autres. Les précédentes photos ça a l'air chouette mais sur la fin ça donnait plus ça:
De la pisse et des crottes partout, minimum 3 fois par jours faut aller chercher des ronces, du noisetier, du charme et d'autres feuillages. A chaque fois que je ramène à manger j'en profite pour tout nettoyer, échanger les couvertures, mettre à laver celles qui sont sales, etc. Sur cette photo ils étaient à la fin de leur transition lait/aliment solide. Mais au début c'est plus simple parce qu'il faut les motiver à faire leur besoin notamment avec un linge humide ou du papier-absorbant humide, donc on récupère tout ça direct à la source, mais quand ils deviennent autonomes ce n'est plus le cas.
Autres points délicat, l'idée c'est de passer le moins de temps avec eux, il faut donc réussir à jongler habillement entre le fait de passer du temps avec eux pour simplifier le biberonnage, mais pas trop non plus pour qu'il ne s'attache pas.
P.S: A la relecture j'ai l'impression qu'on voit que j'aime bien Pratchett, tous les passages entre parenthèses pourraient êtres des notes de bas de page.
Jeudi 27 Mai 2021
Mardi 18 Mai 2021
Dimanche 24 Janvier 2021
Lundi 31 Août 2020
Vendredi 21 Juin 2019
Jeudi 14 Mars 2019
Lundi 12 Novembre 2018
Mercredi 19 Septembre 2018
Mardi 05 Juin 2018
Mercredi 08 Novembre 2017
Traduction de The Ballad of Liddl and Aldi (par Mick MacConnell)
Bon alors la rime c'est pas mon truc, mais j'ai essayer de pas être trop littéral quand même.
Musique maestro: https://www.youtube.com/watch?v=yVSPRNOyxko
Tout
commença quand ma femme se cassa la cheville en tombant de son vélo
Me chargeant alors des taches ménagère un job que je n’aime pas trop
Ainsi que des courses hebdomadaires qui me semblaient une épouvantable corvée
Jusqu’à ce que je découvre LidlAldil LidlAldi et Intermaché (pour la rime)
Maintenant je ne peux pas attendre jusqu’à Jeudi quand vienne les bonnes
affaires
Je suis le premier au chariot, je suis le premier à faire la queue
Enfin je sais ce que les femmes ressentes quand elles parlent du shopping comme
d’une thérapie
C’est l’effet LidldiAldi, LidldiAldi LidldiAldi Lidldidee
Des ponceuse d’angles et des desserts moins chers sans oublier les pots de
confitures
Un gros morceau de bacon et un ciré made in Japan
Et paquet de poitrines en tranche, une caisse de stout, russe bien sûr !
Et un groupe électrogène juste en cas de panne
Des jantes alu et des balais d’essuie-glace et un sac de pomme de terre
Un bateau gonflable pour survivre aux inondations de rivière
Clefs plates, chaussettes et bâtonnets de poisson, tellement bon marché et
presque gratuit.
À LidldiAldi, LidldiAldi, LidldiAldi, Lidldidee
Maintenant des baguettes de soudure et du bœuf bio premier choix pour faire un
bon ragoût
Un bâton de randonné et des chaussures à crampons pour escalader Kathmandu
De beaux choux frisés pour se remplir le ventre
Une masse et des bananes et une jolie perceuse sans fil (fuck les rimes)
Et il y a aussi des hachettes et des hamburgers et des conserves de haricots et
de petits pois
Et une tronçonneuse thermique pour tailler les thuyas
Débroussailleuse, scie sauteuse, saucisses, ordinateurs et TV
À LidldiAldi, LidldiAldi LidldiAldi Lidldidee
Maintenant ma femme deviens folle, notre mariage perd de la vitesse
Avec ses béquilles et ses sacs de courses elle clopine faire les achats
Et elle coupe toute mes cartes de crédits, je triste comme la tristesse
Plus de Aldi LidldiAldi, plus Aldi LidldiAldi pour moi
L’abri de jardin est rempli de merde en plastique dont je n’ai besoin
Et le jardin est plein de meubles et la maison de plantes
Et je vie dans la niche des chiens ; Rover, Fido, Shep et moi
Par la faute de Aldi LidldiAldi LidldiAldi Lidldidee
Alors maintenant plus de ponceuse d’angles, de dessert moins chers ou de pots
de confitures
Plus de gros morceau de bacon , plus de ciré made in Japan
Plus de paquet de poitrine en tranche, et je vais devoir faire sans la biture
Un autre groupe électrogène juste en cas de panne
Plus de jantes alu, ni d’essuie-glace, ni de sac de pomme de terre
Plus de bateau gonflable pour survivre aux inondations de rivières
Maintenant je dors dans la niche, triste comme la tristesse
Plus de Aldi LidldiAldi, plus de Aldi LidldiAldi pour moi !
Bon bah moi ça m'a donné envie d'écouter ça du coup: https://www.youtube.com/watch?v=tDTQQWSmo8s
Voilà, bravo à ceux qui ont tout lut