Ma vie de soigneur vol.4

Par Guaruda
le 15 juin 2022 à 17h21
8 réponses

Salut les Lumbricus terrestris.

Pour faire suite à certains commentaires et parce que en fait ça serait bien de partir de la base, cette fois on va parler de l’utilité des structures zoologiques. D’ailleurs je préfère dire « structure zoologique » parce que parc animalier, zoo, éco-zoo, réserve zoologique, etc c’est la même chose d’un point de vue juridique : une structure à caractère fixe qui présente de la faune non-domestique.
Le nom change juste pour renvoyer une image précise. Dès qu’il y a « zoo » on s’attend à de la faune exotique alors qu’avec « parc animalier » c’est plus de la faune locale.

Il pourrait être intéressant pour commencer de parler de « l’histoire des zoos », mais d’une part ça va être long et d’autre part je préfère vous renvoyer sur cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Vot49m6Pfjs
J’aurais aimé vous trouver la vidéo conférence de Manon Brill à laquelle j’ai participé et qui traite de ce sujet mais elle n’est pas ou plus disponible, certainement parce que le format conférence n’était pas pratique et que ça ferais doublon avec sa collaboration.

Alors commençons. En France les structures zoologiques sont régies par plusieurs lois dont notamment la « Loi zoo » (arrêté du 25 mars 2004), mais aussi plusieurs autres en liens avec des espèces précises ou des thèmes particuliers, mais la Loi zoo fait vraiment la trame de fond et les grandes lignes actuelles.

Dans cette loi (chapitre 6), il est écrit les missions essentielles des structures zoologiques que l’on peut résumer comme ceci :

-  La transmission de connaissance

-  La participation à la conservation

-  La recherche

La transmission de connaissance est la mission la plus simple à se représenter. Il s’agit principalement des panneaux pédagogiques et des animations (les spectacles peuvent en faire partie s’il y a un fond pédagogique). Mais cette mission concerne aussi les structures zoologiques entre elles, car nous avons l’obligation de partager nos connaissances avec les autres structures, choses qui n’était pas obligatoire avant cette loi. Du coup avant on pouvait avoir des situations où la composition des rations était plus ou moins secrète afin que d’autres structures n’arrivent pas à maintenir en captivité des espèces complexes et ainsi en garder le monopole. Dans d’autres cas c’était les paramètres de températures et d’hygrométrie pour l’incubation artificielle des œufs par exemple.
Même si fondamentalement c’est une mission assez simple en pratique ça l’est beaucoup moins… Réussir à faire un panneau pédagogique qui résume suffisamment tout en étant attractif n’est pas ce qu’il y a de plus simple. Globalement plus on véhicule de l’émotionnel en délivrant le message plus on l’ancre profondément, mais il ne faut pas non plus être trop négatif ou culpabilisant.
Les nouvelles technologies aident pas mal aussi, les panneaux avec un QR code vont devenir à la mode je pense.


Une petite photo d'animation de soirée brame que je réalise dans la structure où je taf. (Vous apprécierez j'en suis certain mon talent pour retoucher les photos.)


Un petit exemple de panneau pédagogique présent au Parc animalier de Sainte-Croix. Là c'est le genre de format avec plein d'info, mais il y en a aussi sous forme de jeu ou même de bande dessiné, malheureusement pour ce dernier exemple je ne retrouve plus la photo...

C’est souvent l’aspect le plus décrié par les anti-zoos à base de « Moi je n’ai pas besoin d’aller dans un zoo pour savoir ceci ou cela. » Et bien tant mieux pour toi si un documentaire ou même un livre te suffit, cependant pour d’autres personnes avoir du tangible/de l’émotionnel c’est important et même essentiel.


La participation à la conservation. Le terme de « participation » est vraiment très important, car il permet à de petite structure de ne pas avoir d’espèces menacées dans leur présentation mais de participer soit financièrement, soit par la pédagogie.
Les structures qui par contre ont la possibilité d’avoir des espèces menacés participent à des programmes d’élevages, les EEP et les ESB. (Voir ici https://lelombrik.net/143040 pour une petite explication de leur fonctionnement).
Globalement la mission de conservation des structures zoologiques fonctionnent très bien et des espèces disparues à l’état sauvage (parfois juste dans certaines zones) ont par la suite été relâché. Voici un petit panel d’espèce qui ont des programmes qui ont soit sauvé l’espèce de l’extinction soit évité son extinction en renforçant les populations : Putois à pied noirs, Cheval de Prjevalski, Bison d’Europe, Outarde canepetière, Vautour fauve, Coronelle lisse, Sonneur à ventre jaune. Y en a certainement pour les poissons, arthropodes et mollusques mais j’avoue que je n’en connais pas.

Là aussi c’est un aspect qui est parfois pointé du doigt quand une structure ne participe pas activement à la conservation. Mais comme dit plus haut, financer des programmes et simplement dire lors d’une animation « Pensez à garder un petit coin de hautes herbes dans votre jardin » ça reste de la participation à la conservation, certes à petite échelle, mais c’est mieux que rien non ?

Les parrainages d'animaux (comme ici ceux de Beauval) permettent là aussi de recueillir de l'argent, notamment pour le financement de projet in-situ (achat de matériel, rémunération de garde, autres actions d'aides aux populations, etc.)


Enfin la mission la plus complexe, la recherche.
Pour le coup c’est vraiment de la recherche avec un grand R, puisqu’on a des études éthologique afin d’adapter le mieux possible les enclos/volières/vivarium, des recherches plus fondamentale comme les études sur les fluctuations hormonales d’une espèce afin de mieux comprendre son cycle de reproduction et ainsi maximiser les chances d’accouplement, ou des études encore plus « exotique ».
Personnellement j’ai participé à une étude sur la dissémination des graines par les herbivores. Chaque matin il fallait placer des graines coloré sur des biches et des chèvres et le reste de la journée observer où et comment les graines étaient tombées ou passées d’un animal à un autre et enfin le soir on réalisait un check complet des animaux pour savoir combien il restait de graines dans le pelage. (Là t’es particulièrement content d’avoir des animaux coopératifs qui se laisse brosser).
Une autre participation était sur la compréhension du cycle hormonale des biches de cerfs élaphes,  une fois ce cycle compris mettre en place un protocole d’extraction des ovocytes afin de faire des fécondations in-vitro et de réimplanter des embryons sur des biches porteuses.
Cette dernière étude fait un peu « et si je jouais au savant fou ? » le but final était d’avoir un protocole pour doper les naissances de certaines espèces de cervidés via des mères porteuses d’une autre espèce. D’ailleurs c’est cool ça fonctionne, maintenant on est au deuxième stade de cette étude qui est de savoir comment se comporte les individus qui sont nés via ce processus, notamment avec qui ils s’accouplent ? Leur espèce ou celle de leur mère ?
Pour ces deux études mon rôle c’était simplement de m’occuper de la manipulation des animaux, faire quelques prises de sang au besoin et un peu de surveillance post opératoire, rien de très fifou, je ne suis que soigneur après tout (comme quoi quand je dis qu’au final c’est un peu comme un taf d’infirmière).

Ici c'était lors d'un prélèvement d'ovocyte sur des biches de cerfs élaphes. Vu comme ça c'est assez impressionnant mais en faite c'est vraiment pas grand chose. La tête est mise vers le bas simplement pour que la salive s'écoule plus facilement. Au final niveau invasif, c'est du même gabarit qu'une appendicectomie.

La biche de la photo précédente une fois réveillé. Bon, ok elle a l'air d'avoir la tête dans le cul.

Ce rôle des structures zoologiques est souvent peu connu, du coup les anti-zoos nous laissent assez tranquille sur ce point. C’est vrai que certaines études semblent étranges et dans certains cas elles ont même déjà été réalisé, ce qui n’empêche pas d’avoir des données supplémentaires/complémentaires et ainsi pouvoir détecter une modification/erreur.

Voilà voilà, c’est tout pour cette fois.


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Flaneur Ver TikToké

Ok dac et la part ludique divertissement ça représente combien de visiteurs par an ?
+ 1 -

Guaruda En réponse à Flaneur Asticot

Tu parles de la proportion de visiteurs qui viennent simplement pour voir des animaux?
Je ne saurais te donner un véritable chiffre, c'est certain que c'est une grosse partie, néanmoins ça n'empêche pas ce type de visiteurs de venir simplement "promener les gosses" et de repartir avec au moins quelques informations, ne serait ce que le nom des animaux qu'ils ont vu.

Je pense qu'on peut faire un parallèle avec les musées, même si les gens qui vont "promener les gosses" au musée c'est certainement pas la majorité.
+ 6 -

Oblivionis Taret

J'ai bien regardé, j'ai pas vu de trace de retouches photos.

P.S : tes visiteurs sont un poil flippant.
+ 2 -

Orme Dresseuse de lombriks

Image de Orme
+ 1 -

Mini-Cube Lombric surgelé

En vrai, vue comment elle regarde tes gros bois, je crois que tu as un coup à jouer avec la biche!
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Brorian En réponse à Mini-Cube Vermisseau

C'est facile de jouer les gros bois mais quand c'est le moment de la castagnette y a plus personne !
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BonPublic Vermisseau

Très intéressant.
Merci pour toutes ces explications fort claires.
+ 0 -

le-long-brick Longbric

OK, ça biche !
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