Ma vie de soigneur vol.3
Bonjour à toutes et à tous.
Alors cette fois utilisons la saisonnalité pour vous parler de ce métier. (Je voulais poster ça en hiver… ha haa..)
L’hiver (ou basse saison) certaines structures sont fermées et il est donc parfois un peu compliqué de savoir ce qu’il s’y passe, je vais donc vous expliquer un peu tout ça sans non plus vous faire crouler sous les détails.
Le plus logiquement du monde c’est pendant cette période qu’une grande partie des travaux vont être réalisé. Forcément pas de visiteurs alors pas de risque d’accident ou de gêne avec ces derniers.
Alors même si la création d’un bâtiment et de son cahier des charges pour accueillir une espèce c’est très intéressant, ça ne sera pas le sujet de ce post. Là nous allons nous intéresser à une autre activité qui est souvent réalisé durant cette période : la gestion des effectifs des pensionnaires.
Alors forcément si vous vous occupez bien de vos animaux (et vous le faites parce que vous êtes consciencieux et que de toutes manières c’est la Loi) vos pensionnaires vont s’accoupler et faire pleins de petits.
Alors c’est chouette d’avoir des naissances mais au bout
d’un moment on risque la surpopulation (et même sans la risquer, on a des
effectifs à respecter, on a droit à X individus d’une espèce, pas plus).
Deux méthodes viennent donc éviter cette conséquence d’amour bestiale.
- Prévenir les naissances à la source.
- Faire partir les individus en surplus.
Prévenir les naissances ce n’est pas trop compliqué sur le
papier, mais vachement plus en pratique.
Soit papa ne rencontre jamais maman parce qu’ils ne sont pas dans le même
enclos pendant la saison d’accouplement, voir même ils ne se rencontrent
jamais, soit on va stériliser un des deux sexes.
Alors comme je l’ai dit, sur le papier c’est simple, mais
certaines espèces ne peuvent pas être stérilisées, les mâles cervidés ne
peuvent pas être castrés (problème de pousse des bois) pour d’autres c’est les
femelles et de toutes manières c’est des frais vétérinaires et une
impossibilité à revenir en arrière si jamais l’espèce se casse la gueule en
termes d’effectif et qu’il faut remonter la pente. A utiliser avec parcimonie.
Pour d’autres c’est essentiel que les deux sexes soit présents dans le groupe
afin d’avoir des comportements sains et séparer les deux sexes juste avant la
période de reproduction implique qu’il doit y avoir une période de reproduction
bien définie et que ça ne soit pas non plus trop complexe à faire, ce qui est
évidemment rarement le cas.
L’autre solution est de faire partir les individus en
surplus. Là aussi c’est plus complexe. Comme dit précédemment, chaque structure
à des effectifs maximum pour chaque espèce, donc ça déplace simplement le
problème.
C’est pour ça qu’il y a des programmes d’élevages (EEP) qui se concentre
évidemment sur les espèces en danger afin de faire varier les génétiques et
avoir une traçabilités de chaque individus dans le monde, mais certains
programmes servent justes à mieux s’organiser pour gérer les reproductions
(ESB).
Cet énorme taf de gestion global, c’est celui d’un coordinateur. Il gère au
niveau mondial les déplacements de chaque individus d’une espèce qui bénéficie
d’un programme et croyez-moi, faut être vachement organisé, patient et savoir
au moins parlez parfaitement l’anglais (je ne le suis pas, mais un ancien
collègue est coordinateur pour des espèces de caprins, il pensait que ça allait
être facile à gérer comme espèces, ah ah ah…).
Quand un coordinateur dit que machin va partir s’accoupler avec bidule, c’est
une décision quasi irrévocable puisque les individus qui sont intégrés dans un
programme appartiennent au programme (et plus globalement à l’EAZA, European
Association of Zoo and Aquarium) et non à la structure qui les héberge. Heureusement les coordinateurs sont
généralement prévoyant et en remplacement d’un individu qui part, assez souvent
on en reçoit un autre avec parfois des petites contraintes du style « pas
de repro avec celui-là » ou « cet individus est problématique alors
comme vous avez de la place on vous le passe ». Ainsi pas d’enclos vide.
Bon c’est très bien tout ça, mais encore une fois ça ne fais que déplacer le problème, du coup il faut réinjecter dans la « nature ». Pour ce faire encore une fois le coordinateur va choisir des individus qui vont partir en programme de réinsertion. Ces individus vont ensuite être coupé de toutes présences humaines et réapprendre à se débrouiller seules. Puis suivant l’espèce, l’individu et la situation, soit les petits de ces individus seront relâché, soit c’est tout le monde. Les espèces « proies » sont évidemment plus simple à relâcher que les espèces prédatrices, un lion qui vient fouiller dans les poubelles ça fait toujours mauvais genre.
Un petit aperçue de la possibilité qu'il reste. (On était deux pour déplacer cette biche, lui il a trainer la carcasse tout seul sur 3 ou 4m sans vraiment de problème).Enfin il reste une dernière possibilité, que l’on utilise sur les espèces « proies », tout simplement la donner à boulotter à son prédateur naturel. Les carnivores des structures zoologiques ont besoin de boulotter de la bidoche, alors plutôt que de leur donner les rebus de consommation humaines (carcasse vidé de la viande, invendu des rayons viandes) donnons-leur ce qu’ils mangeraient à l’état sauvage. Outre l’aspect de gestion vachement plus simple, pédagogiquement c’est vraiment important (je ne compte plus le nombre de fois où l’on m’a demandé si les tigres mangeaient des grosses croquettes pour chat), mais en plus pour les animaux c’est plus équilibré, plus sains et ça occupe l’animal de découper son repas.
D’ailleurs l’abattage d’animaux se fait parfois sur les
prédateurs, mais c’est exclusif aux réserves. Ainsi en désignant un individu
particulier, une personne en payant un prix conséquent va pouvoir tirer sur un
animal (c’est globalement le genre de photo choc que l’on voit). Ceci permet de
juguler le braconnage de chasse et de trophée en plus de créer un revenu plutôt
bienvenu pour continuer à gérer la réserve (genre en payant les gardes). Et de
toute manière sinon ça aurait été un des gardes qui aurait tiré l’animal parce
que ce dernier est devenu trop problématique ou alors il s’est déjà trop
reproduis.
Voilà, pas d’anecdotes croustillantes cette fois. J’espère que le sujet vous aura quand même intéressé.
J’aime bien ce sujet parce qu’il permet d’expliquer tout plein de notion pas ou
peu connue du grand publique et pourtant elles sont très importante. (C’est
globalement le genre de connaissance qui manque aux personnes anti-zoo).
yosegaman Jeune lombric
Guaruda En réponse à yosegaman Asticot
Ravis que ça vous plaise et merci pour vos retours.
(Je me sert du top commentaire pour remercier tout le monde)
Flaneur Ver TikToké
Kudsak En réponse à Flaneur Vermisseau
Weng-Weng En réponse à Flaneur Lombrico de la Cruz
doomy Lombric Shaolin
BonPublic Vermisseau
Merci.
MarcusKhaine
Jme suis dis "putain de glands les gens parfois" quand j'ai lu ton passage sur les tigres et les croquettes xD
Oblivionis Taret
Guaruda En réponse à Oblivionis Asticot
feyfey Lombrique girafe cougar chienne poule y dort
Perso j’ai la chance de vivre pas très loin d’un zoo/réserve qui travaille énormément sur la réintroduction de petites espèces locales avec un parcours pédagogique plutôt bien fait. Que des espèces européennes adaptées au coin et les soigneurs sont super sympa mais avoir encore un peu plus l’envers du décors grâce à toi c’est vraiment cool. :)