Réparer, un choix politique ?
Je viens d’une famille « de la débrouille » : chez moi on répare la tondeuse, rafistole les vases cassés, recoud les boutons, rempaille les chaises (oui ça existe encore). Mon père vient d’une famille de paysans où chaque bout de ficelle était mis de côté « des fois que », et ma mère d’une famille d’immigrés qui a survécu à coup de petits boulots à une époque où la plupart des métiers étaient fermés aux étrangers.
Malheureusement, la maitresse en la matière (ma mère) nous a quittés avant de me transmettre tout son savoir. J’ai le réflexe, la curiosité, mais pas les connaissances.
Bref, quand la machine à laver s’est mise à fuir, j’ai cherché d’où ça venait et j’ai directement trouvé : manchette fendue. J’en recommande une et me dis que ça ne doit pas être bien sorcier à poser. Combien de fois j’ai croisé ma mère, les fesses en l’air, les mains dans la machine, en train de trifouiller dedans en pestant ?
Je démonte la porte, l’avant du joint, le verrouillage de la porte et je cherche à déposer le cache avant pour gagner un peu de place et atteindre le serre-joint du tambour. Sur l’antique machine familiale, on enlevait la plinthe en bas de la machine et on dévissait deux grosses vis plates qui avaient été d’ailleurs changées plusieurs fois. Plus qu’à déboîter.
Mais sur mon modèle d’il y a 2 ans, acheté avec mes premiers revenus d’adulte, c’est une autre paire de manches : pas de grosses vis en métal faciles à enlever. Mais pas moins de 16 vis en plastique, demandant un outillage spécial pour être enlevées, accessibles uniquement par le dessous de la machine.
J’ai râlé (réflexe familial), puis j’ai monté mon joint avec deux centimètres de chaque côté pour manœuvrer. 2 heures de boulot.
C’est aussi ça, l’obsolescence programmée : tellement emmerder les gens qui mettent les mains dans le cambouis qu’il est plus facile de racheter une machine que de changer un joint.