Un tableau, une Histoire [n°11]

Par Henry_Hill
le 24 novembre 2015 à 22h50
12 réponses

The Crossing of the River Berizina - 1812 (La traversée de la Rivière Bérézina - 1812) de Lawrence Alma-Tadema (huile sur toile, 1859-1869, style romantique, musée d'Amsterdam : Historisch Museum)


Fin Novembre 1812, la Grande Armée de Napoléon atteint les rives de la Bérézina, rivière située dans l'actuelle Biélorussie. Cette Grande Armée qui comptait initialement 600 000 hommes, dont la moitié provient de différentes nations européennes alliées ou vassales de la France (appelée l’armée des vingt nations par les Russes) bat en retraite depuis son départ de Moscou le 19 octobre, vaincue par un hiver d’une rigueur exceptionnelle (-37,5°). Elle présente de 80 000 a 100 000 hommes dont seulement 36 000 sont en état de se battre. Les Russes espèrent que la rivière Bérézina bloquera la Grande Armée assez longtemps pour qu'ils aient le temps de la détruire, ses chevaux étant morts de faim faute de pâture (ce qui la prive donc aussi d'artillerie) et ayant subit de lourdes pertes du fait du froid exceptionnel et des attaques continues des cosaques. Dans une situation complètement désespérée, Napoléon réussit une manœuvre de diversion pour franchir la rivière 15 km en amont à un endroit où elle n'est large que de 20 mètres et profonde de 2 mètres. Pour ce faire, il faut construire deux ponts à hauteur du village de Stoudienka. Les pontonniers néerlandais du Général Jean-Baptiste Eblé, qui a su garder avec lui 400 pontonniers néerlandais, 6 caissons d'outils et 2 forges de charbon, réalisent et entretiennent ces ouvrages guidés par leur général qui se jette en premier dans la rivière pour montrer l'exemple. La Bérézina n'est paradoxalement pas gelée (ce qui aurait permis de la franchir sans encombre) mais elle charrie de gros blocs de glace et les pontonniers travaillent dans l'eau qui leur arrive jusqu'aux épaules pendant que les chevalets qu'ils montent s'enfoncent dans la vase. Les pontonniers travailleront dans ces conditions horribles pendant 3 jours, permettant à la majeure partie des restes de la Grande Armée de franchir la rivière dès le 26 novembre alors que les armées russes lancent l'offensive le 28 au matin.

Le Maréchal Victor contient les armées russes à un contre cinq, le Général Fournier écrase 5 000 cavaliers russes en trois charges menées avec 800 chasseurs hessois et badois au prix de 500 d'entre eux et le 126ème régiment d'infanterie se sacrifie volontairement pour couvrir la retraite de la Grande Armée et permettre aux éléments qui attendent encore sur la rive de traverser. Le feu est mis aux ponts pour empêcher l'ennemi de traverser. De nombreux retardataires, des soldats malades et exténués ainsi que des hommes, des femmes et leurs enfants(cantinières, marchands accompagnant l'armée, etc.) se retrouveront coincés sur l'autre rive, certains tenteront de traverser les ponts en feux ou à la nage de peur de tomber aux mains des cosaques. Il y aura 45 000 morts et prisonniers parmi ces traînards.  Parmi les 400 hommes qui ont construit les ponts, seuls le capitaine Benthien, commandant des pontonniers, le sergent-major Schroder et six de leurs hommes survivront à la bataille.

La bataille de la Bérézina permit donc à l'état-major et à environ 55 000 soldats (25 000 soldats valides et 30 000 qui ne sont pas en état de combattre) d'éviter l'encerclement et de poursuivre la retraite vers l'ouest, alors qu'environ 45 000 hommes de la Grande Armée s'établiront en Russie. Il s'agit d'un important succès stratégique mais qui s'obtint au prix de lourdes pertes. Le nom de cette rivière est pourtant devenu ironiquement en France synonyme de déroute, voir de désastre, en raison de l'importance des pertes subies. La traversée de la Bérézina ne fut rendu possible que grâce au courage de soldats qui donnèrent leurs vies pour protéger la retraite et à l'action héroïque du Général Éblé et de ses pontonniers qui se sacrifièrent pour permettre à leurs camarades de traverser.

Pour plus d'infos :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_B%C3%A9r%C3%A9zina

http://gillesenlettonie.blogspot.fr/2012/11/le-general-eble-et-les-pontonniers.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Ebl%C3%A9

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lawrence_Alma-Tadema

http://les-apn-belgique.webnode.fr/news/pontonniers-a-louvrage/

http://jeanmarieborghino.fr/bataille-de-berezina/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Fournier-Sarlov%C3%A8ze

https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Victor_Perrin

http://www.napoleon-empire.net/batailles/berezina.php

A lire : Mémoires du Sergent Bourgogne

Autres illustrations :



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le-long-brick Longbric

C'est vrai que, déjà, à l'aller, c'était tangent: http://gigaprod...ee-de-napoleon/
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magnussoren Ver (re-)cyclable

Dans les tranchées, on avait de l'eau jusqu'au genou. Tout le monde pensait " vivement que ça gele, qu'on puisse s'assoir"
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gobes Jeune asticot

Merci pour ce cours d'histoire.
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Henry_Hill En réponse à gobes Ver macht addikkkt

De rien, avec plaisir ! :)
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elfy Ver de vases

Ça me rappelle les images de l'encyclopédie de l'histoire de France que mes grands-parents ont. :)
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Henry_Hill En réponse à elfy Ver macht addikkkt

Tes grand-parents sont des gens biens !
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elfy En réponse à Henry_Hill Ver de vases

Je leur transmettrais ce message :P C'est mamie qui va être contente!
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OrlandO Vermisseau

ça faisait longtemps ! et c'est toujours le même plaisir.
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Henry_Hill En réponse à OrlandO Ver macht addikkkt

Merci. Ça fait plaisir de savoir que je ne fais pas ça pour rien et que ça plait à certains.
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OrlandO En réponse à Henry_Hill Vermisseau

J'ai une question, tu travailles ou étudies en Art ou en Histoire ? ou c'est un loisir ?
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Henry_Hill En réponse à OrlandO Ver macht addikkkt

L'Histoire est ma passion depuis toujours. J'ai été étudiant en histoire avec histoire de l'art en seconde matière il y a quelques années mais j'ai vite arrêté pour me réorienter. J'ai gardé ma grande passion pour l'Histoire, je lis les livres qui m’intéressent, j'aime partager ma passion avec mes amis et si je peux faire que quelques personnes s'intéressent à un sujet ou plus largement à l'Histoire comme ça peut être le cas avec cette série alors je suis heureux, ça me désole qu'il y ait si peu de personnes qui s’intéressent à leur histoire alors si je peux apporter ma pierre à l'édifice je le fais, il suffit parfois de pas grand chose.
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OrlandO En réponse à Henry_Hill Vermisseau

L'Histoire est trop importante pour ne pas s'y intéresser un minimum. Voir tout ces gens se débiliser devant la télé ça me déprime.
Et donc je te remercie, d'avoir cette passion et de prendre le temps de nous la faire partager. C'est quelque chose d'important.
J'aurai voulu être prof d'histoire en primaire pour pouvoir partager toute l'Histoire dans sa globalité.
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