Un tableau, une Histoire [n°15]
Le Brenn et sa part de butin de Paul-Joseph Jamin (1893, huile sur toile, 162 x 118 cm, style académique, Musées d’art et d’histoire de La Rochelle)
390 avant notre ère. Une partie du peuple gaulois des Sénons accompagnée par des Cénomans, des Boïens, et des Lingons traverse les Alpes en quête d’aventure et de nouvelles terres pour s’établir, suivant l’invasion celtique en Italie du nord. Partis avec femmes, enfants et vieillards, ils arrivent à la cité étrusque de Clusium (aujourd’hui Chiusi) et l’assiègent dans l’espoir d’obtenir une partie des terres. Les étrusques demandent l’aide de Rome (à cette époque Rome n’est qu’une cité parmi tant d’autres et une république pas encore très puissante ni étendue) qui, plutôt que d’envoyer des troupes envoie 3 émissaires pour faire la médiation entre les gaulois et les étrusques. Les négociations ayant échouées, l’assaut est donné par les étrusques. Les émissaires romains prennent part au combat à la tête des troupes étrusques contre toute logique et l’un d’eux est même vu en train de tuer et dépouiller un guerrier gaulois. Les gaulois demandèrent alors des comptes à Rome. Pour toute réponse, les romains ayant compris le danger que représentaient ces gaulois, ils décidèrent de s’allier à leurs voisins étrusques. Après avoir pris et saccagé Clusium, les gaulois menés par le chef Brennos (latinisé en Brennus) marchèrent donc sur Rome. A l’annonce de cette nouvelle, le sénat lance un appel à tous les citoyens romains de prendre les armes afin de constituer une armée pour arrêter les gaulois. Les deux armées se rencontrèrent à environ 15 km de la cité près de la rivière Allia le 18 juillet 390 avant JC. C’est le premier affrontement entre romains et gaulois et, un peu avant la bataille, les romains entendirent leurs adversaires chanter des chants religieux, ce qui ajouta à leur effroi. Dispersés sur le champ de bataille, les gaulois parurent plus nombreux qu’ils ne l’étaient et leurs cris de guerre celtes terrorisèrent les soldats romains. Ils n’eurent aucun mal à enfoncer rapidement les rangs ennemis qui fuyaient dans la panique la plus totale et la bataille fut donc très courte. Ce fut un désastre total pour Rome et la date du 18 juillet (le Dies Alliensis = Jour de l’Allia) devint un jour néfaste dans le calendrier romain.
Les survivants se réfugient essentiellement à Véies, seule l'aile droite de l'armée romaine parvient à rentrer dans sa cité. Rome est donc presque entièrement à la merci des gaulois. Les défenseurs se retranchèrent dans la citadelle du Capitole, située en hauteur. 3 jours après la bataille, les gaulois entrèrent dans Rome et établirent le siège autour du Capitole. La cité est mise à sac et pillée, les maisons incendiées. 7 mois après le début du siège, les gaulois tentent de prendre la citadelle du Capitole à la faveur de la nuit mais des oies consacrées au dieu Junon les entendent et alarment les défenseurs par leurs cris. Les romains parviennent donc à repousser l’attaque. Ils iront même plus tard jusqu’à jeter du pain par-dessus leur défenses, faisant croire qu’ils ne manquent pas de nourriture pour démoraliser les assaillants. Ils finiront pourtant par se rendre, affamés, et à tenter de négocier leur reddition et le départ des gaulois. Brennos accepte de se retirer contre une forte rançon : 1000 livres d’or (soit 327,45 kg). Les gaulois font donc amener une grande balance sur une place de Rome afin de compter la rançon et placent de faux poids de leur côté afin d’alourdir son montant. En s’apercevant de la supercherie, les romains invectivent Brennos en lui demandant de quel droit il fausse la balance. Ce à quoi Brennos répond d’un tonitruant « Du droit des vainqueurs ! » auquel il ajoute « Vae Victis ! » (Malheur aux vaincus) tout en jetant son imposante épée et son baudrier dans la balance pour y ajouter du poids.
La mise à sac de Rome par les gaulois restera un grand traumatisme dans l’histoire de toute la nation romaine et fit prendre conscience aux romains de l’importance de la menace que faisaient peser les peuples gaulois pour la cité, ce qui aboutira plus tard à la conquête de la Gaule Cisalpine (nord de l’Italie) et finalement à la conquête de la Gaule toute entière bien plus tard.
Ce tableau présente Brennos, prêt à prendre sa part du butin, sous-entendu à disposer des femmes romaines à sa guise en plus du butin matériel. Rappelant les tableaux orientalistes et leurs nus, l'auteur accumule les détails minutieux. Il créé un contraste entre le premier plan avec les femmes à la peau blanche, lumineuses, et le fond plus sombre. Le chef gaulois, sourire aux lèvres est prêt à s'emparer des jeunes femmes terrifiées.
Cette œuvre s'inscrit dans une époque où l’État, bien que ne connaissant que très peu les gaulois, redécouvre et s'approprie l'histoire de ce peuple guerrier et fier dans le but de l'unité nationale face aux menaces extérieures.
Pour plus d'infos :
http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=1041&oe_zoom=1905&id_sel=1905
https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Jamin
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sac_de_Rome_%28390_av._J.-C.%29
https://fr.wikipedia.org/wiki/Brennos_%28IVe_si%C3%A8cle_av._J.-C.%29
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vae_victis
https://fr.wikipedia.org/wiki/Raids_gaulois_en_Italie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_l'Allia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Oies_du_Capitole
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaule_cisalpine
https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9nons
http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article6037
http://verat.pagesperso-orange.fr/Paul_Jamin.htm
http://racinescharnelles.blogspot.fr/2010/08/la-bataille-de-lallia-vae-victis.html
http://www.roma-quadrata.com/allia.html