Offerus et la hache sacrée. 3
Offerus marchait depuis maintenant plusieurs heures. Il commençait à fatiguer, à avoir faim, mais il sentait que Tomteub était à bout lui aussi. Il avait vu sur un rocher de la mousse arrachée, fraîchement, les racines en étaient encore humide. Les herbes où le fuyard s'était assis n'étaient pas toute redressée. S'était-il blessé ? Peut-être. Son pied droit marquait maintenant nettement son empreinte, comme s'il était obligé de s'y appuyer plus fort pour compenser une blessure au pied gauche. Après les quelques centaines de mètres qui avaient suivi le piège de la fausse piste menant au lit de la rivière, il avait très vite retrouvé une piste bien nette. Trop confiant, l'autre ne prenait même plus la peine d'effacer ses traces. Il touchait au but. Enfin. Après tous ces mois passés à lui courir après ...
Quand il avait fracassé la porte, il avait eu un sentiment de
satisfaction. En moins de 36h, il avait localisé Tomteub, recruté
des compagnons parisiens pour l'épauler, fournir le matériel. Une
affaire rondement menée. La décoration de l'appartement, l'odeur
d'herbe qui flottait, tout indiquait le gauchiste. L'occupant avait
été cueilli dans son lit. Une belle tarte avait mis cours à ses
protestations. L'expérience de ses compagnons était appréciable.
Il avait fouillé très vite le studio. Pas trace de la hache. Son compagnon qui fouillait l'armoire n'avait trouvé ni masque, ni foulard, ni sweat-shirt à capuche noir. On ne trouva nul part ni marteau, ni tract, ni cagoule, ni bombe de peinture, rien. Pas d'affiche, pas d'autocollant. Aucun de ces signes d'appartenance classique du milieu anarchiste ou antifasciste. D'habitude, ces guignols s'affichaient autant dans leurs appartements que sur les réseaux sociaux. Et là, rien. L'habitant était en train de geindre quand il avait entendu les cris dans l'escalier, la cavalcade. Il était descendu quatre à quatre avec ses compagnons, ils s'étaient engouffrés dans la voiture qui avait démarré avant que toutes les portes soient closes, ils le voyaient s'échapper en vélo au bout de la rue. Il avait tourné. Ils ne l'avaient jamais retrouvé.
Ses compagnons avaient refusé d'utiliser la radio, et de passer un appel aux unités en service dans le coin.
"Ecoute, déjà qu'on est vraiment très très limites là, on va pas non plus en rajouter une couche. Le chef a pas posé de questions quand on lui a dit qu'on avait besoin de la voiture, mais il nous a dit de pas l'abîmer, sinon les frais étaient pour notre pomme. Ca veut dire ce que ça veut dire, on est sur la ligne jaune là. On peut pas faire plus. Désolé."
Offerus avait pris un coup derrière la tête en entendant ça. Il était resté abasourdi quelques secondes, et son compagnon, voyant cela, avait repris :
"Mais on peut toujours aller voir sa piaule, au point où on en est là bas, on n'est plus à ça prêt."
La "visite" de l'appartement lui avait redonné le moral. La porte n'avait même pas été fermée à clef. Pendant qu'il fouillait, ses compagnons s'étaient fait un café en rigolant, se foutant de la gueule de la déco, de la vaisselle dépareillée.
Il n'avait pas trouvé la hache. Mais Tomteub était parti sans son téléphone resté sur sa table de chevet, et son ordinateur portable était bien en évidence sur le bureau. Il remercia le ciel, il avait tout ce qu'il fallait pour le retrouver.
Il avait cherché rapidement un carnet d'adresse ou quelque chose de semblable, par acquis de conscience, mais n'en avait pas trouvé. Ces choses là n'existaient presque plus dans cette génération. Ou seulement chez les paranoïaques imprudents.
L'armoire de vêtement à moitié vide, un vide dans le placard à côté des chaussures de randonnée où il n'y avait pas de poussière donnèrent à Offerus le sentiment que ce départ n'avait pas été si précipité que ça. Où plutôt ... Oui, que l'autre était sur le pied de guerre depuis quelques temps déjà, prêt à décoller. Oblivionnis l'avait-il prévenu ? Non, ce n'était pas possible, il avait dit à Oblivionnis qu'il ne tenait pas tant que ça à cette francisque en particulier, et lui avait même passé une commande, pour noyer le poisson. Il ne pouvait pas se douter de son opération du jour. Il laissa la question en suspens dans un coin de sa tête, et donna le signal du départ.
Il avait récupéré un sac à dos qui trainait, avait fourré dedans l'ordinateur et le téléphone, et avait soigneusement fermé la porte à double tour avant de ranger les clefs. Le voisin du dessus avait commencer à protester, qu'ils allaient pas partir comme ça, il voulait un récépissé, et puis voir le mandat de perquisition, et qu'il allait appeler la police, et que ...
Une main levée de son compagnon, accompagnée d'un "Tu veux que je remonte t'en mettre une ?!" qui ne laissait pas de place au doute l'avait fait rentrer chez lui sans un commentaire de plus.
Il avait de quoi le retrouver. Il ne fallait pas s'inquiéter. Il se recommanda à St-Hubert, lui demandant de l'assister dans sa traque, pendant que son compagnon roulait vers son domicile, où il était hébergé.
Offerus était en train de se demander s'il n'allait pas faire une
pause. Il commençait vraiment à être fatigué. Il entendait le
bruit d'une chute d'eau, plus loin. Le cours de la rivière filait
droit au fond de la vallée à cet endroit, et il leva les yeux de sa
piste. A moins d'un kilomètre, il voyait la petite cascade, qui
tombait d'un petit repli de terrain. En haut, il vit une tête. L'espace d'une seconde, ils s'étaient regardés.
tomteub Vermisseau
Option 1 : Voyant la tête de Tomteub au dessus de la cascade, au milieu de la rivière, disparaître vers l'autre rive, Offerus comprend qu'il a trouvé un moyen de traverser à pieds secs. Il se met à courir, tranquillement, au pas de gymnastique. Si l'autre est blessé, il l'aura rattrapé dans moins d'une heure. Il ne stress pas. Même fatigué, presque à jeun, il peut courir plusieurs heures. Il est entraîné. Pas comme ces feignasses de gauchistes.
Option 2 : Voyant la tête de Tomteub au dessus de la cascade, au milieu de la rivière, disparaître vers l'autre rive, Offerus comprend qu'il a trouvé un moyen de traverser à pieds secs. Il analyse la situation. Un petit mont se dessine juste après le repli de la cascade, assez abrupte. Tomteub devra le contourner. Il avise la rivière. Le soleil brille. Il peut traverser, en se mouillant jusqu'aux hanches. Il pourra alors couper à travers la forêt pour raccourcir son trajet et gagner du temps sur Tomteub, surtout qu'il semble boîter.
Machiavel Vermisseau
Euh!!! option 1, j'ai tendance à m'emballer un peu
sandrine65100 En réponse à Machiavel
Thiche Colonel Chat-Ver
Guaruda Asticot
modul Vermisseau
tomteub En réponse à modul Vermisseau