... C'est pas pareil qu'en France
(traduction : En ce moment, les chauffeurs de bus sont en grève au Japon. Ils continuent d'accomplir leur mission, mais refusent que les passagers paient leur course.
De cette façon, le Japon continue d'être à l'heure, mais les compagnies de bus perdent de l'argent.
Cher monde, c'est comme ça qu'une grève doit être menée !!
Envoyé par Petitprout le 31 mai 2018 à 10h45
AZIMUT Vermisseau
bebabeloola En réponse à AZIMUT Asticot
Bellus
Ced Lombrik
Plus d'information ici dans le cas de la SNCF:
https://www.fra...ls_2690788.html
Nainbierophile En réponse à Ced Lombric
Babar Jeune asticot
Copié depuis Mr Japanization
«Petit coup de gueule contre UNE PARTIE de la presse française pas foutue d'aller creuser une information dès que ça concerne un pays étranger.
En l’occurrence, des médias français (et anglais) on titré cette semaine que les conducteurs de bus japonais faisaient grève simplement en ne faisant pas payer les tickets aux usagers. Le rêve ! et surtout une aubaine pour critiquer les cheminots.
Sauf que c'est un peu plus compliqué que ça ! explications :
1. Tout d'abord, il faut remettre les choses dans leur contexte. Les japonais ne font que très rarement grève. Surtout, il ne faut pas faire de vague. Pourquoi ? Il faut le reconnaître, c'est probablement le peuple le plus soumis à l'autorité et à l'entreprise au monde. Le diktat du travail sur leur vie est total et ce n'est pas pour rien qu'il existe ici des mots pour décrire la mort par le travail, les suicides liés au travail ou ces gens qui décident de disparaître soudainement. Quant à leur vie privée, faute de temps libre, n'en parlons même pas. Et ce cauchemar Orwellien n'est pas culturellement propre au Japon, il est le fruit des années d'après guerre, de l'occupation américaine et d'un capitalisme industriel imposé à toutes les sphères de la société. Je ne compte plus les japonais qui m'ont avoué vouloir fuir cette prison dorée.
2. Outre cette soumission, les syndicats et mouvement sociaux ont été écrasés dans une extrême violence après les années 50-60, parfois même avec l'aide de la mafia japonaise. Depuis, les idées "sociales" peinent à trouver écho en société. C'est le règne absolu des idées "de droite" depuis plusieurs décennies : travail, croissance, patrie. Et forcément, dans un tel contexte de triomphe de l'économie sur la vie, la grève est très mal perçue par tous. En fait, l'idée même de réclamer plus de libertés ou de droit au travail est mal perçu. Alors tout le monde reste dans le rang et ferme sa bouche en attendant de mourir. On pourrait toujours discuter sur le fond de la chose, le Japon est un pays merveilleux à bien des niveaux, mais une chose est certaine, la plupart des japonais ne transpirent pas le bonheur. Les salariés et travailleurs précaires principalement. Normal, l'humain aspire à une vie un minimum libre, et pas à devenir des robots au service d'un capital abstrait. Le pire, c'est que ce travail acharné ne sauve même pas le pays d'une dette astronomique et d'une crise économique profonde. Donc prendre le Japon en exemple pour parler de grève, c'est pas honnête.
3. Non, faire grève en offrant des transports en commun gratuit n'est pas courant au Japon. Les médias font référence à un cas très précis, dans la ville de Okayama. Au Japon, toutes les compagnies de transport sont privées. Une nouvelle compagnie locale est venue leur faire concurrence (ce qui est le jeu, ma pauvre Lucette, quand on veut privatiser). Et cette nouvelle ligne de bus est moins chère ! Les chauffeurs de la compagnie A ont décidé de rendre les trajets gratuits pendant QUELQUES HEURES en guise de "protestation" symbolique contre l'arrivée du concurrent. On parle pas de recul des droits sociaux, mais d'une guerre économique entre deux compagnies privées. Ceci ressemble surtout à un coup de com magistral pour la compagnie A. Des revendications ? Pas vraiment. Un rejet du capitalisme au Japon ? On en est loin, mais vraiment très loin... De toute façon, à la moindre sortie de route, c'est le licenciement qui leur pend au nez.
Moralité, ce cas particulier, qui ne repose sur aucune réelle revendication sociale (personne ne veut leur sucrer des droits), a été galvaudé, sorti de son contexte et utilisé à travers le monde francophone dans un but politique, pour justifier la grogne contre les cheminots et diviser la population, OKLM. Non, les japonais ne font pas grève en rendant les trajets de bus gratuits !»
Ourozuka En réponse à Babar Goa'uld
procureur En réponse à Babar Lombric
Petitprout En réponse à Babar Vermisseau
Mais bon, pour revenir à ce qui se passe en France, si j'ai bien compris, le principal argument de grève est la remise en cause du statut de cheminot.
La retraite à 52 ans, par exemple, c'est quand même un avantage hyper sympa ... réservé à une toute petite partie de la population. Les autres vont devoir trimer et enchaîner les CDD jusqu'à la fin de leur vie. Pour ma part, vu le recul récurrent de l'âge de départ en retraite, je pense que je pourrai éventuellement y avoir droit à 75 ou 80 ans ... cet "acquis social", acquis sûrement de manière légitime à l'époque, me semble maintenant complètement hors du temps.
Enfin bref, je ne fais pas partie des gens qui soutiennent les revendications de la SNCF.
Arsayne En réponse à Petitprout Jeune asticot
Gazelle En réponse à Arsayne Vermisseau
Elimac En réponse à Arsayne Asticot
Arsayne En réponse à Elimac Jeune asticot
Hyper-canard En réponse à Petitprout Vermisseau
Ça fait des années qu'ils doivent cotiser 40 ou 42 ans comme tout le monde. Mais c'est vrais que tu "peux" partir à 52 ans. Avec une retraite calculé sur 30 ans de cotisations si t'as commencé à 22 ans... Tu "peux" vivre avec 3€ pas mois (le minimum vieillesse à 52 ans tu te le tailles en pointes, en même temps vue le montant...), c'est trop de la chance, pourquoi tu postules pas ? Moi en tout cas, je rempli le formulaire kivabien demain. Youhou :D
Bref, en pratique, ils sont comme tout le monde, la quille c'est après 60 ans.
Et sinon, au lieu d'être jaloux, pourquoi t'y vas pas à la SNCF ? Sérieusement, si ça te fait envie, fonce ! Ou alors, c'est pas si bien que ça quand on réfléchi 5 minutes ?
_pepe_ En réponse à Petitprout
De plus, le fait que beaucoup aient un sort peu enviable n'est pas une justification acceptable pour enlever à d'autres des avantages consentis en l'échange d'un travail, qui plus est exercé dans des conditions particulières. Et si tu n'es pas d'accord, alors je t'invite à montrer l'exemple en commençant dès maintenant à travailler dans les pires conditions possibles (précarité, salaire de misère, horaires inhumaines, activité dangereuse et dégradante, pas de congés, pas de retraite, etc.) puisqu'en poussant ton raisonnement, quiconque aurait mieux serait indûment privilégié.
Par ailleurs, le statut cheminot est à l'origine d'un esprit de corps qui a permis de faire fonctionner l'entreprise de service public en offrant des compensations aux sacrifices exigés par la direction aux employés (mobilité, astreintes, travail de nuit, le week et les jours fériés, bas salaires, ...), et qui s'est opposé depuis des années à toutes les tentatives (plus ou moins réussies) de démantèlement, de sabotage et de racket. Ce statut concerne 140000 personnes, et pas seulement les quelques soi-disant « privilégiés » régulièrement montrés du doigt par la presse subventionnée, souvent à grand renfort d'informations trompeuses ou mensongères.
La réforme vise à réaliser en France ce qui a été fait en Grande Bretagne à partir de 1993 et que tout le monde s'accorde aujourd'hui à qualifier d'échec cuisant (billets hors de prix, qualité de service lamentable, régions à l'abandon, manque d'entretien et d'investissements, accidents mortels du fait d'une infrastructure à l'agonie, ...). Il est également question de la « reprise » d'une partie la dette de l'entreprise, qui consiste surtout à lui *laisser* l'autre partie de cette dette dont l'essentiel provient de choix imposés par l'État actionnaire durant ces dernières décennies. Or le statut et la relative cohésion des cheminots, qui cherchent à préserver leur entreprise, représente un frein à cette folie néolibérale.
Libel En réponse à Babar Vermisseau
Félicitations pour ces éclaircissements...
_pepe_
C'est notamment pour ces raisons que les conflits sociaux aboutissent souvent à des grèves effectives. Il suffit à l'employeur de refuser de négocier pour que les grévistes perdent à la fois argent et considération. Et ne parlons pas des médias aux ordres qui accentuent cette décrédibilisation.
Creugneugleu En réponse à _pepe_ Vermisseau
Nainbierophile En réponse à Creugneugleu Lombric
john5 En réponse à Creugneugleu
Donc pour bloquer Matignon... bon courage pour obtenir l'aval du préfet !
PEM1977 Vermisseau
Donc en cas d'accident, l'assurance ne marcherait pas.
Après, la grève ça sert à rien; on devrait passer directement au plan B : pendre Macron avec les tripes de Pierre Gattaz.
Oblivionis Taret
J'ai connu des cheminot , grévistes dés qu'ils en avait la possibilité, qui eux même disait " On fait gréve pour avoir des privilèges qui n'ont plus lieux d'existé, mais on les a, alors on fait au mieux pour les avoirs encore le plus possible, et tant pis si ca emmerde le monde ... "
Pour ma part, j'ai été on peut dire intégré a une gréve dans le domaine de la métallurgie lourde ou je travaillait a l'époque ( pas loin de 10 ans déjà )
J'était intérimaire sur un contrat longue duré ( 18 mois ) en 3x8 avec une cadence industriel, payé comme tout le autres, a savoir le minimum légal ( le smic quoi ) au taux horaire.
La directeur de l'usine a poussé la production au maximum, et les gars ont commencé a en avoir marre ( fatigue, accident, cadence élevé,etc etc )
A ce moment la, le super représentant syndical a réussie a incité les mecs a faire gréve pour avoir une augmentation, ou au mieux, une prime de productivité.
Un mois complet de gréve, tout les postes a l'arrêt ( chaine de production, donc, s'il manque trop d'effectif, ceux qui veulent bosser ne peuvent pas, ce qui arrangea les intérimaires dans mon cas, car nous étions payé quand même, contrairement au ouvrier cdd ou cdi )
Donc, après un mois sans bosser, le syndicaliste arrive tout fière de lui : Le directeur a cédé ! Les gars auront droit a quelques centimes de plus de l'heure ! Victoire !!!
Du coup, le mec remet pression sur les gars, cette fois ci pour qu'ils retournent au boulot... Quelques'un ont bien compris qu'il s'était fait entuber de manière magistral.
Concrètement, le surplus de production des derniers mois avait fait un stock d'avance ( représentant 2 mois de production ) donc, la boite ou j'était n'avait pas perdue d'argent, puisque les stock ont permis d'abreuver les client pendant la durée de la gréve.
Mais le plus beau, c'est qu'il y a une centaine de gars qui ont échangé un mois de salaire ( 1290 euros de tête ) contre l'équivalent de 120 euros par an.
4 ans plus tard, le smic ayant augmenté, les mecs se retrouvait de nouveau au salaire minimum légal.
Bilan de la grêve : Pour la boite, que du bénéfice, et il parait que le syndicaliste a eu une promotion quelques temps plus tard.
_pepe_ En réponse à Oblivionis
Comme en politique, avant de suivre quelqu'un, il vaut mieux vérifier d'abord à qui on a réellement affaire (ses intérêts, sa corruptibilité) et ensuite la pertinence de ce qu'il veut faire. Mais cela exige d'avoir préalablement conscience de la situation et des enjeux, ce qui manque souvent cruellement aux employés situés en bas de l'échelle.
La grève reste quoi qu'il en soit le seul moyen légal (parfois vain, il est vrai) de limiter les abus de l'employeur. Et c'est pour le patron une alternative plus acceptable que d'avoir le feu mis à l'usine ou sa tête plantée sur une pique à la porte d'entrée.
D'autre part, concernant la remarque des privilèges qui n'auraient plus lieu d'exister, elle me paraît stupide dans la mesure où le patronat en a un grand nombre qu'on ne saurait justifier et qu'il n'est pas enclin à abolir, et qu'en la matière la balance penche largement en sa faveur. Ce dernier n'étant pas foncièrement philanthrope et décidant toujours en dernier ressort, les acquis sociaux ne sont que durement obtenus (généralement à la faveur d'un rapport de force exceptionnellement favorable) mais facilement reperdus. Dès lors, il n'y a pas de raison pour les employés de renoncer à l'un de ces acquis en dehors d'une négociation permettant d'en obtenir un autre qui leur serait plus utile.
tomteub En réponse à Oblivionis Vermisseau
Ezellar En réponse à Oblivionis Lombric Shaolin
MonVeloooo Vermisseau
Arsayne En réponse à MonVeloooo Jeune asticot
Tormante Jeune lombric
Dans le milieu des cantines scolaires et autres RU, une des modalités d'actions dont on parlait était la grève du zèle: venir bosser normalement, mais en appliquant la totalité des obligations administratives et légales, en respectant la totalité des normes sanitaires. Dans le Restau universitaire où je bossais, ça impliquait notamment de ne pas pouvoir sortir les poubelles car celles-ci passaient obligatoirement par la cuisine, ce qui est interdit, de ne pas faire la plonge car la machine avait une furieuse tendance à se refermer sur la personne qui l'ouvrait pour la nettoyer, ne pas faire la cuisine car les hottes ne fonctionnaient pas... Puis de toute manière, avec cinq fiches en moyenne à remplir pour chaque aliment préparé chaque jour, le cuistot n'aurait jamais eu le temps même d'allumer le four.
Oui ce genre d'idée, de "yakafokon", il y en a plein, mais les lois qui encadrent les mouvements protestataires, la faible syndicalisation de la population, les merdias qui cherchent à briser toute forme de mouvement, ça n'amène pas un renouvellement des modes d'action.
Ensuite, je trouve vachement drôle comment en ce moment, tout le monde crache sur les grévistes sans même chercher à comprendre le pourquoi du comment, c'est quoi une grève, comment ça marche, qu'est ce qui limite ce droit, comment peut-on faire grève en France, comment ça marche ailleurs. Mais surtout, le discours qui me fait le plus marrer, c'est celui qui porte sur la fainéantise des manifestants. J'ai l'impression que dans ce foutu pays, actuellement, tout le monde est près à revendiquer que les autres doivent bosser plus. Faire des sacrifices. Ça gueule parce que c'est soumis et que ça ne comprend pas que tout le monde ne le soit pas.
Ami anti-gréviste, tes arguments, on les a entendu partout, à la télé, dans les journaux, à la radio, ton avis, on le connait, ne te crois pas original, ne te crois pas malin, on s'en cogne de ta petite morale, elle est vue, revue, rerevue. Va travailler bien gentiment si c'est tout ce que tu attends de ta vie, fais le loufiat si tu le souhaites, mais bordel, comprends juste deux secondes que si personne n'avait fait grève, tu bosserais tes 16h par jour à la mine depuis tes dix ans sans soucis. Avoir confiance dans un quelconque dirigeant, élu par le peuple ou par un conseil d'administration, c'est être naïf: le mec en a pas plus quelque chose à foutre de ce que tu vis et de tes malheurs, que tu ne t'intéresses à la vie et aux malheurs de ceux qui sont dans la rue, à gueuler comme des cons sous la pluie leur raz-le-bol.
maht Vermisseau
http://www.libe...-si-simple_8565
morsual Asticot