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Après avoir étudié les beaux-arts à Madrid, Salvador Dalí s'intéresse très vite au mouvement surréaliste. Il lui donne une forme graphique totalement originale, fruit de son imagination débordante et influencée par la psychanalyse (Persistance de la mémoire, 1931 ; Construction molle avec des haricots bouillis : Prémonition de la guerre, 1936). Ses thèmes de prédilection sont la mort, l'érotisme, la putréfaction... mis en scène avec une parfaite maîtrise technique et un goût pour les images en trompe l’œil. Artiste complet et touche à tout, il crée un culte autour de son image. En 1939, il est exclu du mouvement surréaliste pour ses déclarations en faveur d'Hitler ou de Franco. Il continue pourtant à en être l'une des figures de marque et s'essaie parallèlement à une peinture plus réaliste, notamment dans des tableaux religieux (Crucifixion, 1954).
L'aventure surréaliste
Comme le sait tout un chacun, les œuvres de Dalì appartiennent au mouvement dit du Surréalisme.
Né en 1924, ce mouvement est caractérisé par des travaux proches d'une expression philosophique, c'est l' union du monde réel à celui des rêves.L' instigateur de ce mouvement, André Breton, en donne la définition suivante : "Automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer soit verbalement, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée..."
Le titre de cette œuvre nous incite à penser que nous allons voir la représentation d'un hypercube ainsi qu 'une crucifixion.
Mais comment le peintre va-t-il introduire une forme géométrique de quatre dimensions dans un univers en trois dimensions représenté en deux dimensions ?
Et bien il va jouer avec les différentes techniques de représentation de la perspective.
Nous pouvons déjà remarquer que l'œuvre,Crucifixion, intègre plusieurs dimensions et perspectives
En premier lieu, il y a la perspective cavalière introduite par le damier peint sur le sol devant le personnage féminin, ainsi que la forme géométrique en lévitation derrière Jésus.
Puis une perspective chromatique avec le fondu de couleur entre le premier plan (la femme) et le dernier plan (la crête de montagne).
Les deux personnages représentés sont Gala (la femme de Dalì) et le Christ. Ces deux êtres représentent un plan à eux deux en opposition avec celui de l'hypercube et celui du décor.
Le plan des personnage peut-être considéré comme celui de l'Homme, celui du tesseract comme étant la raison, puis le décor comme le plan de la Nature.
Nous remarquons que Dalì « triche » pour dessiner un hypercube , il utilise le patron de l'hypercube pour le représenter. Il crée ainsi une croix en quatre dimensions plus complexe que n'importe quelle croix.
On voit l'ombre de Jésus sur la croix, nous pouvons en déduire que la lumière vient de notre côté du tableau, nous sommes spectateurs de la scène. Néanmoins on remarque que là bas, à l'horizon, le soleil se lève. De ce fait, l'ombre ne devrait pas apparaître sur l'ombre du tesseract. D'où la double source de luminosité qui confère au tableau une aura divine.
En plus d'avoir une croix des plus complexes, le Christ semble léviter entre la croix et ses quatre clous. Jésus est alors élevé à un niveau différent du nôtre, puisqu'il évolue dans un univers tétradimensionnel. Cela est aussi identifiable par l'éloignement de Jésus d'avec Gala (ombre sur le damier). Mais en même temps il semble plus proche de nous que la femme de Dalì, étant figuré plus grand qu'elle.
Cette incohérence spatiale est contredite par la stabilité du tableau. Nous pouvons voir une grille se dessiner avec les lignes verticales et horizontales de la croix ainsi que la ligne d'horizon. Ces lignes instaurent une stabilité comme un socle maintient une sculpture. C'est parce qu'un édifice a des arêtes strictement verticales et horizontales qu'il est stable.
Gala est représentée de telle façon que les lignes de son corps forment un triangle ascendant, elle est élevée au rang de divinité, et donne, de plus, de la stabilité au tableau de par la forme de son corps.
Alors que le Christ et sa croix forment un triangle descendant, ce qui crée un sentiment de malaise et de tension.
Le tableau est à la fois stable et incohérent.
On remarque également une prédominance du carré : Gala est sur un carré, le damier est un carré et les quatre clous forment un carré. Tous ces carrés donnent un certain rythme au tableau et créent une espèce de temporalité. L'hypercube est-il le symbole de l'espace temps ? De ce fait, le Christ n'est pas lié aux limitations de temps et semble intemporel. Intemporel oui, puisque même la mort ne l'affecte pas : il ressuscite. Dieu nous donne le Christ que nous crucifions, mais reste-il figé ? Oui, dans les images de lui et dans les sculptures, il est figé. Mais dans cette œuvre, il transcende l'espace temps car il est entre plusieurs dimensions, il n'est donc pas figé mais mobile. Dalì l'érige sur une croix, mais ne le fige pas. Il lévite et se projette. S'élevant au-dessus de son avatar mortel, ses souffrances, la gravité de la terre, la haine, la guerre, la mort, les passions ... de tout.
Dalì s'amuse de la quête de la perspective instaurée par les maîtres de la peinture. Il détourne les codes perspectivistes et se les approprie. Le côté surréaliste de Dalì est bien présent puisqu'il crée un univers non réel, ou ne pouvant être dans notre dimension. Sur ce tableau, il représente un objet de quatre dimensions dans un espace qui n'en a que trois. Il se joue de la perspective et développe un univers impossible presque onirique.
Envoyé par emerson le 18 avril 2015 à 22h37
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12 commentaires
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emerson Archi-ver
Elios4 En réponse à emerson Vermisseau
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Elios4 En réponse à emerson Vermisseau
emerson En réponse à Elios4 Archi-ver
mais je suis d'accord avec toi, ça aurai été mieux de le faire.
Elios4 En réponse à emerson Vermisseau
gromilou LeSaCaFouTRe
emerson En réponse à gromilou Archi-ver
Il y a un autre tableau très ancien et d'une morbidité dérangeante qu'il faudra que je présente aussi, mais je ne connais plus le titre et il me semble que l'artiste est inconnu... mais j'ai ressenti en le voyant dans un livre (qu'il faut que je retrouve dans mon bordel...) un profond malaise. Affaire à suivre donc... brrr
Landru Ver au foyer
emerson Archi-ver