Le rêve américain, selon Jake Paul
On le met en sélection ?
C'est à vous de décider si ce fichier doit être mis en avant.
Fin du vote dans .
Résultat du vote :
Fin du vote dans . Il doit y avoir un minimum de 70% de votes positifs pour passer en sélection.
Vanité. Vacuité et illusions. Le pic de la civilisation occidentale dans une image... Voici Jake Paul, un des plus gros "influenceurs" américains. Il y a 5 jours, il publiait cette photographie dans son avion privé de 20 millions de dollars. Des liasses de billets, des marques et des flingues. Son cliché est présenté comme l'objectif suprême de l'existence : "Le rêve américain", dit-il, suivi d'un mot d'encouragement pour ses millions de followers pauvres : "Commencez aujourd'hui ! Croyez-y ! Échouez ! Travaillez !" et autres bullshit type coach de chez Wish.
Cette photo est absolument géniale et devrait finir dans un musée du capitalisme après effondrement tant elle symbolise l'ère du vide et le vulgaire comme valeur ultime d'une civilisation paumée sans repère. Analyse point par point.
- Le sophisme du survivant : Clé de voûte du contrôle social
Ce biais de perception consiste à mettre en avant une singularité d'un système inégalitaire en occultant la majorité des échoués, disparus du champ de vision. Jake Paul est arrivé parmi les premiers utilisateurs des réseaux sociaux. Il a fondé sa popularité sur le clash et le vulgaire, utilisant les plus bas instincts humains pour gagner en popularité. Sa fortune est construite sur du placement de produits et la vente de goodies low-cost à des millions de pauvres qui rêvent d'être comme lui mais ne le seront jamais. Sa richesse n'est pas le fruit d'un travail mais un miroir déformant du nombre d'influencés. Plus tu manipules, plus tu capitalises.
Dans la même période, les inégalités ont explosé. On compte désormais 40 millions de pauvres aux USA. C'est une personne sur dix. Chez les non-pauvres, ceux qui gagnent tout juste de quoi survivre sont bien plus nombreux encore. La majorité du peuple américain est aujourd'hui constituée de gens qui vivotent péniblement dans l'espoir d'un rêve qui n'existe pas.
Des figures comme Jake Paul et d'autres servent à maintenir en vie l'illusion que tout le monde peut réussir. Et plus ils affichent une richesse toujours plus astronomique, plus l'illusion se renforce. Et ce, même si mathématiquement, un Jake Paul est le fruit d'un déséquilibre total dans la distribution des richesses produites, voire même un symbole d'accaparement.
Il suffira de dire que ceux qui ne sont pas d'accord avec ce principe sont jaloux (et ça marche!).
- Le culte du paraître
Tout dans ce rêve préfabriqué est artificiel. Le mérite ? Artificiel. Comme on l'a vu plus haut, la richesse n'est pas le résultat du travail mais le fruit du capital. Le travail, lui, est le fardeau des masses laborieuses qui n'ont parfois rien à envier aux ouvriers du XVIIIe siècle.
Tout est artificiel jusqu'à l'image elle-même. Jake Paul, comme d'autres milliardaires, ne se balade pas vraiment avec des millions de dollars en liquide ni avec des armes de guerre dans son véhicule. Fruit d'une mise en scène étudiée, chaque petit paquet de billets a été placé ici et là pour donner le sentiment de quantité. Les armes servent également de symbole pour accentuer une image bon marché de virilité. Jake Paul n'en a aucune utilité. Les seuls à utiliser ces armes de guerre sur le territoire américain sont les auteurs des meurtres de masse qui se déroulent sans faire sourciller la population pratiquement chaque semaine : mais, "les flingues, c'est cool, duh"
Et quand tu retires ces couches de superficialité, que reste-t-il ? Un mec seul dans un avion qui ne va nulle part, se mettant en scène pour la caméra. L'important étant l'impact sur le spectateur, pas la réalité. Le faux devient ainsi la composante centrale de toute la carrière de Jake Paul, mais aussi celle d'un grand nombre d'influenceurs dont le seul talent est : organiser le clash, distiller la frustration, vendre du rêve.
- La mort de toutes valeurs humaines
Même si ce n'est pas explicitement affiché, Jake Paul et d'autres existent uniquement parce qu'ils ont abandonné toutes valeurs humaines essentielles et éthiques qui fondent nos civilisations : l'entraide, l'empathie, le vivre-ensemble, l'honnêteté, les bonheurs simples, la construction collective d'une société vivable pour tous. Tout ceci est liquidé pour ne laisser place qu'à une seule donnée : l'accumulation. Le culte du nombre. Et tous les moyens sont bons pour y arriver. Mentir. Manipuler. Vendre daube sur daube. Diviser. Clasher. Et le message d'une telle débauche de richesse est clair : si vous n'avez pas le nombre, vous êtes un raté. Pour devenir le prochain Jake Paul, abandonnez tout ce qui fait de vous un être humain !
- La pédagogie de la résignation
On en vient naturellement au dernier point qui agglomère tous les autres. Cette photographie n’enseigne pas la réussite individuelle. Elle enseigne l’acceptation de l’échec collectif. Elle est le miroir de l'éducation américaine abandonnée. De l'incapacité à se soigner. De l'abandon insidieux des droits de l'Homme. De la paupérisation galopante. Du chacun pour soi porté au rang de quasi-religion nationale. Les individus isolés, seuls devant leur écran à contempler la réussite du 0,001 %, intériorisent l'idée qu'ils ont raté leur vie. « Si vous échouez, c’est de votre faute. »
Ce cliché, comme d'autres du même acabit, transforme une anomalie statistique – le survivant – en norme morale du modèle capitaliste. Et quelle morale... S’il a réussi, c’est que lui a « cru en lui », pas vous. C'est faux, mais ça fonctionne. Ce récit est extraordinairement utile au monde marchand. Il dépolitise la misère qui découle de la concentration des richesses. Il individualise l’échec. Il rend toute critique structurelle inaudible car, comme ce texte, la chemin intellectuel est trop long, trop complexe, incapable de rivaliser contre l'illusion et le choc des images.
Pourquoi parler de redistribution, de services publics, de justice sociale, de sociologie des institutions, quand il suffirait juste d’y croire plus fort en ce rêve américain ? Toi aussi, lance ta boîte en drop-shipping, vends de la merde made in China en montrant tes abdos sur TikTok ! Moque toi des gros. Insulte les femmes. Titille ce mascu frustré sur Instagram. C'est vendeur. Dans l'air du temps ! Et surtout, ça rapporte gros. Le rêve américain n'est ainsi plus une fondation collective fondée sur l'effort de chacun pour tous, mais l'espoir d'une sortie individuelle par le haut, quoi qu'il en coûte, même si cette sortie est mathématiquement inaccessible à l’immense majorité.
Le rêve américain version influenceur n’est pas un moteur d’émancipation. C’est un outil de pacification sociale dans un monde au bord de l'explosion. Une cuillère de sucre pour faire avaler le poison de ce qui est pourtant intolérable au commun. Un sédatif idéologique de masse.
Il maintient ainsi des millions de gens courageux et (vraiment) travailleurs dans un état intermédiaire très pratique : pas assez pauvres pour se révolter, pas assez riches pour être libres, occupés à admirer ceux qui les écrasent en vérité.
Et pendant que les regards sont rivés sur des jets privés, des flingues et des liasses de pognon posées sur le sol à distances égales pour la photo, le système, lui, continue tranquillement à fonctionner, bien protégé, indiscuté.
J'aimerais pouvoir me dire que tout ceci n'est qu'une triste farce, si seulement l'état de la planète et des ressources n'était pas à ce point inquiétant. Car tant que l'illusion d'une croissance infinie tient encore debout dans assez de cerveaux, on tolère tranquillement le fait qu'une minorité puisse tout s'accaparer. Mais quand nous aurons trop tiré sur la corde, ce qui est inévitable selon l'ensemble des données scientifiques, ce sera sauve-qui-peut et autres hurlements plus vite qu'il ne faut de temps pour le dire.
Vanité. Vacuité et illusions. Les piliers d'un empire qui ne veut pas mourir.
Source: Mr Mondialisation (sans IA, comme toujours et à jamais)
Envoyé par captnalex Aujourd'hui à 11h39
Précédent
13 commentaires
Tri par popularité
Tri chronologique
Suivant
Bannière réalisée par l'extraordinaire Tzeenchy
Musique par Middle Ages



Flaneur Ver TikToké
Cyclomore En réponse à Flaneur Vermisseau
Flaneur En réponse à Cyclomore Ver TikToké
Cyclomore En réponse à Flaneur Vermisseau
Julius Vermisseau
Cyclomore Vermisseau
Bref franchement on voit encore la différence entre une analyse structurée par un humain, et une description copiée collée par Flaneur (oui il m'arrive de lire ses descriptions).
Mais je suis moins pessimiste que Mr Mondialisation. Je pense qu'il reste une voie étroite où tout un chacun pourrais atteindre un succès à la mesure des efforts qu'il consent pour y parvenir, et j'espère en démontrer l'existence avant de m'éteindre. Même si il me faudra descendre quelques marches depuis la la position confortable ou m'ont placé mon ascendance et mon travail acharné.
Premier décile dans une des meilleurs économie du monde, c'est déjà beaucoup trop. On peut pas tous faire ça. Et évidemment, encore moins se balader en jet privé avec des armes de guerre et des liasses de billets. Même pas en rêve, parce que c'est justement ce rêve qui empoisonne le monde.
Flaneur En réponse à Cyclomore Ver TikToké
Cyclomore En réponse à Flaneur Vermisseau
Ce n'est clairement pas ça que je vise.
Lequercus Vermisseau
ZPI En réponse à Lequercus Vermisseau
Cyclomore Vermisseau
Zanza14 Jeune asticot
LIndien Lombric Shaolin
Par contre j'ai beau chercher je ne trouve pas de pailles. Il risque pourtant d'en avoir besoin pendant un certain temps.