Parlez moi d'amour...
Sullivan Ballou (né le 28 mars 1829 et mort le 29 juillet 1861) avocat,politicien et officier de l'armée de l'union durant la guerre de Sécession.
Il mourra sur le champ de bataille de la première bataille de Bullrun, qui verra s'affronter 69 000 hommes, une semaine après la rédaction de cette magnifique lettre adressée à sa femme Sarah Hart Shumway.
« 14 juillet 1861
Camp Clarck quartier général, Washington D.C.
Ma très chère femme,
Il semble évident que nous allons partir dans quelques jours, peut-être demain. Il se peut que je ne puisse plus t'écrire, c'est pourquoi je t'envoie ces quelques lignes sur lesquelles peut-être se posera ton regard lorsque je ne serai plus.
Notre manœuvre devrait durer quelques jours et je pourrai y rencontrer de graves difficultés et même la mort. Mais, que ta volonté soit faite, ô mon Dieu. S'il est nécessaire que je tombe sur le champ de bataille pour mon pays, j'y suis prêt. Je n'ai pas de doute, j'ai toute confiance en la cause dans laquelle je me suis engagé, et mon courage ne faiblira pas. Je sais maintenant à quel point la civilisation américaine repose sur le triomphe de notre gouvernement, et quelle dette nous avons envers ceux qui avant nous ont connu le sang et la souffrance de la révolution. Et je désire, je désire vraiment abandonner tout mon bonheur sur cette terre pour aider le gouvernement, et payer cette dette.
Mais, ma chère femme, quand je pense qu'en sacrifiant mon propre bonheur, je sacrifie aussi la plus grande partie du tien et ne te donne en échange que peine et soucis. Quand après avoir connu moi-même pendant de longues années, l'amertume d'être un orphelin, je me vois offrir ce même avenir à mes chers petits enfants, il me semble faible, vain et déshonorant, tandis que la bannière flotte doucement et fièrement dans le vent, de comparer mon amour sans limite pour vous, ma femme et mes enfants adorés, avec l'amour que j'éprouve pour mon pays.
Je ne puis te décrire mes sentiments en cette calme nuit d'été, tandis que 2 000 hommes dorment près de moi. Beaucoup d'entre eux vivant peut-être leur dernière nuit avant la mort. Quant à moi, je devine la mort qui s'approche sournoisement dans mon dos avec sa lame fatale, et je communie avec Dieu, avec mon pays et avec toi.
J'ai souvent cherché profondément dans mon cœur de mauvaises raisons, pour avoir ainsi mis en danger le bonheur de ceux que j'aimais, et je n'ai pu en trouver aucune. L'amour de mon pays, les principes que j'ai toujours revendiqués et aussi l'honneur que j'aime plus que je ne crains la mort m'ont appelé, et j'ai obéi.
Sarah, mon amour pour toi ne mourra jamais, il semble m'attacher par de puissants liens, que seule la toute-puissance de Dieu peut briser. Et pourtant, l'amour de mon pays souffle sur moi comme un vent puissant, et m'emporte irrésistiblement avec toutes mes chaînes sur le champ de bataille.
Tous les heureux moments que j'ai passés avec toi me reviennent en mémoire, et je n'en suis que plus reconnaissant envers Dieu et envers toi d'en avoir profité aussi longtemps. Et combien il est difficile pour moi d'abandonner ces souvenirs et de réduire en cendres l'espoir de ces années à venir, pendant lesquelles, si Dieu l'avait voulu, nous aurions pu continuer à vivre ensemble et à nous aimer et voir nos garçons grandir et devenir des hommes honorables. Je sais que je n'ai rien à réclamer à la divine providence, mais quelque chose me chuchote à l'oreille, peut-être sont-ce les douces prières de mon petit Edgar, que je reviendrai sain et sauf auprès de ceux que j'aime. Si ce n'est pas le cas, ma chère Sarah, n'oublie jamais combien je t'aime et sache aussi que lorsque je rendrai mon dernier souffle sur le champ de bataille, ce sera en murmurant ton nom.
Pardonne-moi mes nombreuses fautes et les nombreuses peines que je t'ai causées. Combien j'ai souvent été irréfléchi et insensé. Comme je serais heureux de pouvoir laver avec mes larmes chaque petite tache sur ton bonheur, et de combattre toute l'injustice de ce monde pour vous protéger du mal, toi et les enfants. Mais je ne le pourrai pas, je ne pourrai que te regarder depuis les cieux, et flotter autour de toi tandis que tu affronteras les tempêtes avec ta précieuse petite cargaison, et attendre tristement et patiemment que nous nous retrouvions pour ne plus nous quitter.
Mais, ô Sarah, si les morts peuvent revenir sur cette terre et flotter invisibles auprès de ceux qu'ils ont aimés, je serai auprès de toi dans la lumière du jour comme dans la nuit la plus sombre, aux moments les plus heureux comme aux heures les plus désespérantes. Toujours, toujours, et si une brise légère caresse ta joue, ce sera mon souffle. Et si l'air frais effleure ta tempe palpitante, ce sera mon esprit.
Sarah, ne porte pas mon deuil, pense que je suis parti et attends-moi car nous nous rencontrerons à nouveau.
Et mes petits garçons, ils grandiront comme j'ai grandi moi-même sans jamais connaître l'amour et les soins d'un père. Le petit Willy est trop petit pour se souvenir longtemps de moi, mais mon petit Edgar aux yeux bleus gardera dans les lointains souvenirs de son enfance les moments où nous chahutions tous deux. Sarah, j'ai une confiance infinie en toi pour veiller sur eux et sur leur épanouissement. Dis à mes deux mères que j'appelle sur elles la bénédiction de Dieu. Ô Sarah, je t'attends là-bas, viens à moi, viens avec mes chers enfants.
Sullivan »
0vermind Lombric
Djeez Vermisseau
Patriotiquement vôtre !
daPookie Lombric Exclu
Necropaf LoMBriK addict !
Saletés de sudistes, on le vengera!
desBranchies Vermisseau
https://en.wiki...to_Sarah_Ballou
merci mec.
le-long-brick Longbric
tomteub Vermisseau
munch.imp En réponse à tomteub Vermisseau
Dur pour ces hommes si ils savaient 150ans plus tard que leur engagement serait jugé comme "so mainstream" par des individus comme toi!
Yruama En réponse à munch.imp Vermisseau
_pepe_ En réponse à munch.imp
La réalité de l'Histoire est autrement moins glorieuse.
Pour ne citer qu'un exemple, on affirme souvent que la Guerre de Sécession a été menée afin d'abolir l'esclavage. Dans les faits, Lincoln s'est surtout servi de l’émancipation des esclaves comme une arme de guerre. Élu en 1860, il n'a ordonné cette émancipation, immédiate et sans indemnité, qu'en 1863 et uniquement pour les États du Sud qu'il combattait depuis 1861 et dont l'économie reposait principalement sur l'esclavage. Pour les pays fidèles à l'Union nordiste, cette fin a été plus tardive, très progressive et négociée. L'amendement à la Constitution concernant l'abolition de l'esclavage n'a été rédigé qu'en 1865, à la fin de la guerre. De plus, comme on le sait, ce n'est pas ça qui a fait de l'homme Noir américain un citoyen à part entière et égal à l'homme Blanc. La fin de l'esclavage aux États-Unis, qui dans les fait avait débuté bien avant la Guerre de Sécession et s'est terminée bien plus tard, aurait tout-à-fait pu se dérouler pacifiquement, dans des conditions d'affrontement politique différentes.
Je suis donc presque d'accord avec tomteub, à ceci près que les prétextes pour envoyer le bon peuple se sacrifier et massacrer ceux d'en face ne se limitent pas à la Patrie et à Dieu. Et je m'empresse de préciser que le problème ne réside pas dans le concept de Patrie, ni dans celui de religion, ni autres, mais dans le fait qu'en règle générale, ce sont des milieux d'influence qui, par ces biais, provoquent les conflits en manipulant les populations et/ou ceux qui les contrôlent afin de servir des intérêts particuliers confidentiels, et que les véritables instigateurs de ces guerres n'y prennent pas personnellement part, ce qui leur permet d'en réchapper, de tirer le marrons du feu puis de fomenter les suivantes.
Avec le recul, en considérant a posteriori l'action et les intérêts de ceux qui ont été à l'origine des guerres de ces deux derniers siècles, il apparaît comme une évidence que les prétextes officiellement servis à la population pour les déclarer avaient peu de rapport avec les causes réelles. On en a encore des exemples très récents.
Alors, quelle gloire y aurait-il à tuer et à mourir (ou à finir estropié) pour des raisons bidons ?
munch.imp En réponse à _pepe_ Vermisseau
tomteub En réponse à munch.imp Vermisseau
Il n'empêche que le gars répète 7 fois "dieu" ou un synonyme (en l'occurrence "divine providence") et 7 fois aussi "pays" (ou gouvernement).
D'ailleurs, Pepe, 7, et 7 ?!?
Coïncidence ?????
Je ne crois pas ...
_pepe_ En réponse à munch.imp
L'engagement personnel n'est assurément pas louable s'il est le résultat d'une tromperie et si ses conséquences sont pour la plupart délétères. Et je parle bien d'engagement personnel, pas d'engagement forcé dans l'armée.
Qu'un type se fasse trouer la peau ou tue des gens qui n'ont rien demandé est déjà déplorable. Si en plus il l'a appelé de ses vœux aux noms de principes dévoyés, on peut raisonnablement l'en blâmer.
Le fait de ne pas savoir est une raison, pas une excuse.
Le premier devoir d'un citoyen est de s'assurer de son bon discernement. On ne va donc pas le féliciter maintenant qu'on a la certitude qu'il se trompe.
Quant à l'aspect positif de la Guerre de Sécession, c'est seulement un point de vue. Qui est parfaitement discutable.
Peut-être faut-il rappeler qu'elle marque le départ d'une ère moderne dans laquelle les États-Unis n'ont cessé de mettre la planète à feu et à sang, soi-disant au nom de la liberté et de la démocratie, mais en réalité pour asseoir un empire pour le seul bénéfice de leur oligarchie locale.
Depuis la Guerre de Sécession, les États-Unis n'ont été en paix que durant 12 ans (en 1897, de 1935 à 1940, de 1976 à 1978, en 1997 et en 2000). Toutes les autres années, ils ont fait la guerre. Avec toutes les horreurs que cela implique.
Parlez moi d'amour...
munch.imp En réponse à _pepe_ Vermisseau
Et c'est justement au moment ou une certaine "élite" s'est mise à dire"ola mais en fait vous etes de vrais sauvageons, il serait temps de remettre un certain ordre" que les choses ont dérapé. Des décennies à se forger une culture nouvelle (et surement très erratique!) ont ancré une certaine vision du monde, les premieres guerres intestines débutées par les guerres amerindiennes n'ont fait qu'enfoncer une éducation militaire et violente là où toute autre était quasi inexistante mais dans leur contexte qu'il nous est difficile à saisir, c'était par logiique et nécessité.
C'était une autre vie en d'autres temps.
Famille pour sa fierté, religion pour son âme, les armes pour sa terre! ni plu ni moins. La résultante d'une telle culture on la connait car elle perdure jusqu'à nos jours. Mais faut avouer que meme si ils en jouent encore(les habitudes ont la vie dure!) depuis plus d'une décénie les EU commencent à apprendre de leurs erreurs meme si ils continuent à en faire, le vietnam ou l'irak sont bien loins...leur politique militaire est de plus en plus frileuse.
Mais pour en revenir à cet épisode de la guerre de sécession, voilà que pour une fois des milliers et des milliers d'individus se sont liés non pas pour défendre leurs droits ou leur lopin de terre mais leur patrie toute entière au nom d'un idéal qui a été soufflé par l’expérience de nations mieux "construites". Seulement une telle démarche quand elle se heurte à des récalcitrants au moment meme d'une explosion industrielle et technologique les a guidé droit vers une boucherie qui traumatisera des générations mais qui en même temps, et c'est là le paradoxe, ne fera qu'un peu plus cultiver cette culture des armes et de la conquête. On ne fait bien que ce que l'on connait déjà!
Ces soldats de l'union n'étaient pas juste que des connards sanguinaires, ils étaient juste des hommes croyants en leurs idées de progrès mais ils étaient aussi perclus d'atavismes dont ils n'étaient pas responsables!
Bref même si cette conversation m'enjaille au plus haut point je ne saurait que te conseiller cet excellent documentaire sur la guerre de secession (l'image est dégueu mais ça s'écoute plus que ca ne se regarde!) d'autant que le casting vf c'est du 5*! https://www.you...jXSWFZlV3DlKdQo
_pepe_ En réponse à munch.imp
Non. Cette conviction n'est pas admirable en soi, pas plus que les horreurs innombrables qu'elle a entraînées.
Et non, depuis tout ce temps et au regard de leur expérience particulièrement chargée, les États-Unis ne sont plus une jeune nation, et compte tenu des conflits qu'ils fomentent encore ouvertement aujourd'hui, ils n'ont apparemment rien appris de leurs erreurs, sinon de celles qui les ont empêchés de faire pire.
On a suffisamment de recul pour se rendre à l'évidence : ces « erreurs » (du point de vue des valeurs qu'ils défendent soi-disant) n'en sont pas pour ceux qui les provoquent continuellement et de façon intentionnelle depuis plusieurs générations. Ce constat n'est d'ailleurs pas nouveau, puisqu'on l'avait déjà fait il y a près d'un siècle.
De plus, quand tu me présentes un « documentaire » américain empli de lyrisme et de violons, demande-toi d'abord s'il ne constitue pas finalement un élément de propagande dans la mesure où il fabrique des sentiments, des convictions et du consentement qui permettent de positiver l'impardonnable et d'autoriser qu'on continue sur la même voie. Et si tu as un doute, alors demande-toi qui est Ken Burns, son réalisateur.
Par chez moi, on appelle documentaire ce qui présente des informations assez complètes pour comprendre les causes, les événements et les conséquences, et dont le but est de susciter de la raison et non pas des sensations et des sentiments.
munch.imp En réponse à _pepe_ Vermisseau
_pepe_ En réponse à munch.imp
tomteub En réponse à _pepe_ Vermisseau
tomteub En réponse à munch.imp Vermisseau
Mais je pense qu'il est un peu anar sur les bords le Baloo, en y réfléchissant bien.
Offerus En réponse à tomteub Ne pas prendre au sérieux
tomteub En réponse à Offerus Vermisseau
DSchiffer Vermisseau
eyhtern
Henry_Hill Ver macht addikkkt
Toto51 Vermisseau
Apres je veux pas faire mon mathématik nazi mais du 14 juillet au 29, ca fait plus qu une semaine nan?