Un tableau, une Histoire [n°12]
Combat naval - L'Abordage du Kent d'Ambroise Louis Garneray (1836, peinture à l'huile, 78 x 93 cm, musée de La Roche-sur-Yon)
7 Octobre 1800 dans le golfe du Bengale. La Confiance patrouille à la recherche de nouvelles proies. Ce trois-mâts français commandé par le fameux corsaire Surcouf vient de passer les dernières semaines à multiplier les prises de vaisseaux anglais dans l'Océan Indien tout en évitant d'être pris, par la ruse et sa rapidité. A l'aube, la vigie aperçoit un très gros bateau. Il s'agit du Kent, un indiaman appartenant à la Compagnie des Indes et navigant de Londres vers le Bengale. Le capitaine français comprend qu'un très gros coup est à sa portée : s'il le réussit ce sera l'apogée de sa carrière, le coup du siècle, mais s'il échoue ça sera la captivité et la fin de ses activités corsaires.
Le Kent est un gros vaisseau de 1 200 tonneaux et 38 canons comptant 437 combattants, La Confiance est un navire de 364 tonneaux, 24 canons et 160 hommes d’équipage.
En apercevant le navire français, le capitaine anglais Rivington éclate de rire et fait venir son état-major accompagné des dames anglaises sur le pont afin de se moquer du faible navire français, fonçant sur lui. Les dames allant même jusqu'à faire des signes de la main moqueurs en guise d'adieu, pensant que les corsaires français allaient bientôt couler. Tout ceci rend le capitaine Surcouf furieux, il sait que la confrontation par les canons serait suicidaire, mais il échafaude un plan pour l'abordage sachant qu'à bout portant, la Confiance sera plus basse que les plus bas des canons du Kent, rendant les canons anglais inefficaces. Il galvanise ses troupes, offre la "part du diable" (le pillage) à ses hommes et leur déclare : " Nous serons à peine un homme contre deux, j'en conviens... Mais n'oubliez pas, messieurs, nous sommes des Français ! "
Le combat s'engage, les non-combattants ont ordre de bloquer l'accès à La Confiance avec des piques : les anglais n'y monteront pas, les français ne reculeront pas. Se sachant en très large infériorité numérique, Surcouf s'inquiète en voyant le combat durer et, tout en combattant au devant de ses hommes, ordonne à des marins de retourner deux canons anglais, les charger à mitraille et de faire feux sur les soldats anglais. Le commandant anglais est touché par une volée de grenades avec 20 de ses hommes et s'écroule. Surcouf neutralise le commandant en second du Kent et déclare à ses marins : "Plus de morts, plus de sang, mes amis ! Le Kent est à nous ! Vive la France ! Vive la nation !". Il s'excuse auprès des dames anglaises pour la violence qu'il a du employer et s'assure qu'elles ne soient pas victimes d'outrages. Il fait débarquer une partie des prisonniers anglais sur un trois-mâts et fait promettre qu'ils seront libérés en échange de prisonniers français détenus en Inde.
La revente du Kent rapporta une forte somme à Surcouf et ses hommes mais surtout cette victoire retentit comme un coup de tonnerre : les Anglais, bien que trois fois supérieurs en nombre, ont subi une perte humaine quatre fois plus nombreuse que celle des Français. La chanson "Au 31 du mois d'Aout" aurait été composée en l'honneur de cette fameuse prise et est depuis devenue une chanson traditionnelle de la Royale : https://www.youtube.com/watch?v=gSUiL6YYvu4
Ambroise Louis Garneray (né le 19 février 1783 à Paris), fils aîné de Jean-François Garneray, peintre du roi, s'engage a 13 ans dans la Marine. Il participe a un grand nombre de combats dans l'océan Indien. Échappant à la captivité lors du blocus de l'île de France (actuelle Ile Maurice), il regagne la cote à la nage et s'engage sur La Confiance du capitaine corsaire Surcouf. Il a 17 ans lorsqu'il participe à la prise du Kent. Il finira sa carrière maritime en servant sur plusieurs navires corsaires ainsi que dans la Royale de nouveau, jusqu'à être fait prisonnier en Angleterre. Croupissant des années dans des cales de navires, il en profitera pour s'exercer à la peinture. A la fin de la guerre, en 1814, il ne retrouvera pas d'emploi dans la marine et se consacrera à la peinture à Paris et deviendra la peintre officiel de la Marine. Son œuvre se compose de 141 tableaux, 176 gravures et 22 aquarelles s'inspirant principalement de ses voyages et aventures. Précurseur du roman d’aventure maritime, il publia des ouvrages d'après ses mémoires qui connurent un grand succès.
Pour plus d'infos :https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Confiance
https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Surcouf
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ambroise_Louis_Garneray
http://www.pirates-corsaires.com/quels-sont-les-hauts-faits-de-robert-surcouf-qr10753.htm
https://books.google.fr/books?id=LqDARzt5gy4C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/la-roche-sur-yon-85000/labordage-du-kent-par-garneray-3594482
