Pendant ce temps-là en Indonésie

En septembre 2025, l’Indonésie traverse une grave crise sociale marquée par des manifestations massives contre le gouvernement. L’origine du mécontentement vient de décisions économiques impopulaires : plusieurs programmes sociaux, tels que les repas nutritifs gratuits ou les aides sur l’électricité, ont été réduits ou supprimés, alors que de nouveaux impôts locaux ont été imposés et que certaines taxes foncières ont été augmentées de façon spectaculaire. Au même moment, les parlementaires et certains fonctionnaires ont vu leurs indemnités et leurs salaires augmenter fortement, créant un profond sentiment d’injustice chez la population dont le pouvoir d’achat recule.

Les manifestations, d’abord pacifiques, ont dégénéré dans plusieurs grandes villes en émeutes et en affrontements violents avec les forces de l’ordre après la diffusion d’images chocs, notamment la mort d’un chauffeur de moto-taxi tué par un véhicule de police. Des pillages et des incendies ont éclaté, en particulier les domiciles de la ministre des Finances et de plusieurs députés à Jakarta ont été pris pour cible, parfois incendiés ou vandalisés. Des manifestants ont également mis le feu à des bâtiments parlementaires régionaux, notamment à Makassar, causant la mort de plusieurs personnes piégées à l’intérieur. Certains hauts fonctionnaires et parlementaires, accusés publiquement d’avoir soutenu les privilèges, ont subi une mise à l’écart et se sont réfugiés dans des endroits sécurisés ou ont été contraints de travailler à distance. On rapporte aussi des cas de violence ciblée contre des agents de l’État ou toute personne soupçonnée d’être affiliée au gouvernement, ce qui a créé un climat de chasse aux fonctionnaires dans les villes les plus touchées.

Le bilan humain est lourd : au moins dix manifestants sont morts depuis le début des violences, victimes parfois d’un recours excessif à la force par les autorités. Près de 900 personnes ont été blessées, parfois grièvement. Du côté des forces de l’ordre, plusieurs policiers ont été blessés, dont au moins sept de manière grave nécessitant une hospitalisation. Concernant les fonctionnaires, plusieurs ont été victimes de violences ou piégés lors des incendies de leurs domiciles, bien que le bilan précis reste difficile à établir en raison des mesures de protection qui ont été déployées rapidement pour ces derniers. Dans l’ensemble, la situation a généré un climat d’insécurité important pour les agents de l’État, certains ayant fui ou isolé de peur d’être pris pour cible.

La mobilisation est importante : des milliers de personnes se sont réunies devant le Parlement, le mouvement rassemblant étudiants, syndicalistes et citoyens de toutes classes, avec une jeunesse particulièrement active. Cette contestation prend racine dans la précarité croissante, la hausse du chômage et le sentiment d’abandon face à des élites politiques qui semblent se protéger, au détriment de la majorité. Cette crise constitue le plus grand défi du président Prabowo Subianto depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2024, et la situation reste très tendue dans l’ensemble du pays.

Envoyé par Flaneur le 4 septembre 2025 à 10h25