Au XIXe siècle, certaines femmes de milieux urbains portaient effectivement une petite dague dissimulée dans leur jarretière, surnommée de façon crue pique-couille, censée servir d’arme de défense en cas d’agression sexuelle. Ce type d’objet, plus légendaire que réellement répandu, symbolise surtout la peur et la vulnérabilité des femmes dans une société où la violence sexuelle était largement taboue et rarement poursuivie par la justice. Depuis le XIXe siècle, la tendance en France est à une forte baisse réelle des violences, même si les chiffres récents donnent parfois l’impression inverse. En effet, les données historiques montrent que le XIXe siècle connaissait des niveaux de violences sexuelles bien plus élevés, mais ces faits restaient presque toujours tus ou réglés hors justice. À partir des années 1950, les premières données de police commencent à apparaître, mais très incomplètes. En 1972, on comptabilise officiellement 1 417 viols ou tentatives enregistrés. En 1980, les enquêtes de victimation commencent à mieux cerner l’ampleur, avec une estimation d’environ 50 000 à 70 000 faits annuels, alors que seuls quelques milliers sont déclarés à la police. En 1990, la reconnaissance du viol conjugal marque un tournant juridique, entraînant une hausse des signalements. Dans les années 2000, les enquêtes INSEE-ONDRP estiment environ 75 000 à 90 000 viols ou tentatives par an, chiffre relativement stable jusqu’aux années 2010. En 2010, on estime 80 000 faits, en 2015 environ 85 000, et en 2020-2022, autour de 90 000 à 100 000, mais avec une augmentation nette du nombre de plaintes déposées, passé de moins de 10 % à plus de 20 % des victimes. À partir de 2017, le phénomène Mitou (#MeToo en anglais) a marqué une libération massive de la parole, révélant des faits longtemps tus et poussant davantage de victimes à témoigner ou à porter plainte, ce qui a fait exploser les statistiques enregistrées sans pour autant refléter une hausse réelle des violences. Si l’on compare à la situation du XIXe siècle, où la fréquence réelle devait être plusieurs fois supérieure et où presque aucun cas n’était poursuivi, on constate donc que la violence sexuelle a probablement fortement baissé en intensité, mais qu’elle est bien mieux mesurée et plus souvent dénoncée aujourd’hui. On vit ainsi dans une société où la violence sexuelle reste un problème grave, mais objectivement moins répandue qu’il y a deux siècles.
Envoyé par Flaneur le 25 août 2025 à 17h42
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