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Poésie : diseuse de bonne aventure. La recherche de la vérité d'aujourd'hui passe par le labyrinthe et la croix avec son point de mire au centre de la cible coeur. Si la vérité nouvelle de l'être chante, de l'ardeur du feu au blanc apaisement des neiges, avec le poème, pourra-t-on, au seuil du nouvel avenir, jamais seuls, parler d'un nouveau sacre ?


Le corps

L'être vivant qui marchait sous les arbres,
Sous les tilleuls humait les frais parfums,
Et qui dansait au rythme de sa marche,
Lançant la jambe et le bras loin du corps,
La tête haute - il était immortel.

J'ai lu son nom sur cent mille visages.
L'air emplissait les poumons, et les muscles
Allègrement jouaient au jeu de la vie.
J'entends d'ici croître les chevelures
Et les pensées voyager, voyager.

Je suis l'un d'eux. Je porte un feu qui brûle
Et je vénère un instant de mes ongles.
Mon existence est la fête d'atomes
Si rassemblés que déjà cette larme
Rejoint le ciel pour faire un nouveau lac.

Je m'alimente à la source commune,
Je n'ai plus peur des lointaines forêts,
Et si la terre en son rythme m'absorbe,
Je chanterai de mille autres manières
L'être vivant, l'être vivant des arbres.


L'historien

Revêts la bure ou passe la cuirasse,
Manteau de cour ou défroque de serf,
Le monde antique est là qui te regarde.

Noble souffrance, il reste le destin
Des rois trahis, des pays partagés
Et du sang noir sur des robes de pourpre.

Les Ganelons, les Rolands, et ce peuple
Qui parle d'or tout au long des légendes
Pour honorer le temps dur de sa vie.

Te voici propre et contemplant l'histoire
Pour y puiser l'essor qui se refuse
Dans cette attente où vit le siècle vingt.

Les aliments de grandeur qu'ils te tendent,
Humble, prends-les, mais ne les mange pas.
Garde ta faim pour en faire justice.


Sur le pavé du roi

Sur le pavé du roi marchent les architectes.
Amour - ô mon compas - dis-leurs ici d'attendre.
La terre n'est qu'un mot tout couvert de ratures.
Que me fait ce château s'il détruit mes ramures
Et si la musaraigne y découvre sa mort ?

Le tyran tourne en lui comme un chemin de ronde,
Rêve d'un palais d'os pour cacher son désert.
Cette lézarde en lui, nul oiseau ne s'y niche.
Il répète ces mots : mâchicoulis, murailles,...
Cyclopéen sera l'appareil du pouvoir.

Mais eux le trahiront qui dessinent, qui tracent
Des lignes de beauté sur une terre esclave.
Déjà l'homme à l'oeuil rouge en des salles immenses
Ne trouve pas d'alcôve où cacher sa folie.
Rira bien qui rira le dernier, dit l'aragne.

Un jeune horticulteur de sa révolte arrose,
Des daturas-poison, des plantes carnivores,
Et se dresse une ronce, et se lève une épine,
La fureur végétale aligne ses armées.
Nous la verrons demain la vengeance des fleurs !

Je suis parti si longtemps de moi-même,
J'ai tant marché sur les routes des autres
Sans les rejoindre. Tout n'était qu'apparence,
Désert ou bruit, et des paroles vaines
Dans un silence où nul ne m'entendait.

Je me rejoins, je reviens à mes muscles.
Mon corps me parle et vit comme un poème
Ecrit sans mots, comme un cheval austère
Qui n'en finit jamais de galoper,
Comme un oiseau qui peut voler sans ailes.

Où vivais-tu, prisonnier de tes livres ?
Quelle mémoire en ses plis te gardait ?
Tous les miroirs trahissaient ton image
Et tu parlais à des ombres plus sourdes
Qu'un enfant mort dans le siècle passé.

Et te voici jaillissant de ton onde
Si neuf et nu que tu t'en viens de naître,
Cherchant ton lait sur les seins de la terre,
Epris, grisé par de neuves présences
Au rendez-vous du miel et de la vie.


Le refus de Smohalla

"Ne me demandez-pas de labourer la terre,
De planter un couteau dans le coeur de ma mère,
Elle refuserait de me prendre en son sein."

"Ne me demandez pas d'en extraire les pierres,
De mutiler ses chairs, de piocher jusqu'à l'os,
Je perdrais à jamais ma seconde naissance."

"Ne me demandez pas de faucher la jeune herbe,
De vendre mon larcin, d'être comme les blancs,
Riches, repus, dispos au plus lâche des crimes :
Je ne couperai pas les cheveux de ma mère."

Ainsi parlait Smohalla le Prophète.
Il refusait ces travaux agricoles :
Défricher du soc et de la dent
La terre-mère est le plus grand péché.

Je serai blanc comme l'azur et le gel,
A tout jamais mouette sur la mer
Traçant le signe aux confins de mon vol.
Nous le savons qu'il suffit d'un oiseau
Pour entrouvrir le ciel et les visages.


Robert Sabatier

Envoyé par Nondedjeujosefinelai Aujourd'hui à 13h14

5 commentaires

         

 

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+ 1 -

gloupi Lombric Shaolin

C'est très sympa tout ça mais... Il est ou le tapis roulant ?
+ 0 -

BonPublic Vermisseau

Ce format d’image…. Spectaculaire !
+ 0 -

Nondedjeujosefinelai En réponse à BonPublic Vermisseau

Format vertical, certes, mais je peux rien y faire. Si il y a autre chose, il faut le dire. Une capture d'écran par ex. T'as ptêt un navigateur pourri...
+ 1 -

Mabritte Vermisseau

Beau boulot : chouette construction amateur bois et toile on dirait ... ça fait penser au Cricri mais qui est bimoteur lui (et existe en électrique)
+ 0 -

Kourath

Le tout, dans un timbre poste.
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