Des chercheurs du Laboratoire national de Lawrence Livermore ont commencé à numériser et à mettre en ligne des images déclassifiées d'essais nucléaire atmosphériques conduits aux États-Unis entre 1945 et 1962.
Trois semaines avant le bombardements d'Hiroshima et de Nagazaki, en 1945, les États-Unis vont procéder à la toute première détonation d'une bombe atomique sur leur sol, dans le désert du Nouveau-Mexique. Par la suite, plusieurs milliers de ces essais vont avoir lieu un peu partout dans le monde. "Plus de 2400 essais nucléaires, dont 543 essais atmosphériques, ont été réalisés par les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et la Chine entre 1945 et 1980" chiffre l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Sur le sol américain, 210 essais vont avoir lieu entre 1945 et 1962. Chacune de ces détonations a fait l'objet d'une documentation notamment vidéo, à l'aide de caméras à haute vitesse (2400 images par seconde). Stockés sur pellicule dans des conditions loin d'être optimales, ces films ont récemment fait l'objet d'une numérisation par deux chercheurs du Laboratoire national de Lawrence Livermore. Après déclassification, une soixantaine de ces détonations spectaculaires ont été mises en ligne. Ci-dessous l'opération "Hardtack 1, réalisée en 1958 dans les Îles Marshall, permet d'observer la mise à feu d'une charge de 9,3 mégatonnes.
Le dernier tir nucléaire atmosphérique a été fait par la Chine le 18 octobre 1980
La numérisation de ces fichiers devenait urgente car les milliers de bandes vidéo disséminées à travers les Etats-Unis commençaient pour certaines à se détériorer. Depuis cinq ans, l'équipe du Laboratoire national de Lawrence Livermore, en Californie, travaille à exhumer cette matière vidéo encore très riche en informations non exploitées. "Nous n'avons pas de données expérimentales pour les armes nucléaires dans l'atmosphère. Les seules données dont nous disposons sont celles de ces vieux tests" explique Greg Spriggs, physicien du laboratoire dans une vidéo de présentation de ces travaux. En effet, à partir des années 1960, la plupart des essais nucléaires, dont on commence à prendre en compte la dangerosité du fait de la libération d'une quantité importante de matières radioactives dans l'environnement, sont alors conduits sous terre. Le tout dernier tir atmosphérique a été réalisé par la Chine le 18 octobre 1980. "Les réanalyser avec les technologies d'aujourd'hui permet d'en extraire des données plus précises qu'à l'époque. On découvre de nouvelles choses jamais vues jusqu'alors sur ces explosions" s'enthousiasme le chercheur américain, évoquant par exemple de "nouvelles corrélations désormais utilisées par les analystes des explosions nucléaires". Ces nouvelles analyses permettent aussi de mesurer de manière bien plus exacte la puissance réelle de chacune des explosions qui, si l'on en croit les chercheurs, a été plus d'une fois très mal estimée.
Et ce travail d'analyse des films est bien plus compliqué qu'il n'y paraît. En effet, pour calculer avec précision la vitesse d'expansion de la boule de feu ou de l'onde de choc, les équipes doivent déterminer la vitesse exacte de prise de vue de la caméra qui a filmé l'explosion. Or, cette vitesse varie d'une caméra à l'autre. "La mesurer manuellement est possible, mais cela peut prendre 8 heures pour un film de deux secondes" précise le laboratoire dans un communiqué. Les équipes ont donc mis au point un logiciel qui calcule automatiquement cette vitesse en quelques minutes à peine. Un travail de longue haleine qui toutefois commence seulement, puisqu'à peine 500 d'entre eux ont déjà fait l'objet d'une analyse sur les 6.500 retrouvés.
Source + d’autres vidéo: https://www.google.fr/amp/s/www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nucleaire/video-des-dizaines-de-films-d-essais-nucleaires-declassifies-par-les-etats-unis_111423.amp
Envoyé par Flaneur le 16 avril 2021 à 13h24
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