J'ai tenté de traduire le plus fidèlement possible pour ceux d'entre vous dont la langue anglaise fait quelque peu défaut :
-Un jour, nous avons reçu l'ordre de prendre d'assaut une position française. Nous sommes entrés, et mes camarades sont passés à droite et moi à gauche. Mais ensuite, j'ai été confronté à un caporal français. Lui, avec sa baïonnette, et moi, avec ma baïonnette. Pendant un moment, j'ai ressenti la peur de la mort. Et en une fraction de seconde, j'ai réalisé qu'il en avait après ma vie, exactement comme j'en avais après la sienne. J'ai été plus rapide que lui. J'ai jeté son fusil au loin et je l'ai frappé dans la poitrine de ma baïonnette. Il est tombé, a posé sa main où je l'avais touché, puis j'ai poussé plus fort. Du sang est sorti de sa bouche et il est mort. Je me suis senti physiquement malade. J'ai failli vomir. Mes genoux tremblaient et j'avais franchement honte de moi. Mes camarades - j'étais caporal à l'époque - n'ont pas du tout été dérangés par ce qui s'était passé. L'un d'eux s'est vanté d'avoir tué un "poilu" avec la crosse de son fusil. Un autre avait étranglé un capitaine, un capitaine français. Un troisième avait frappé quelqu'un à la tête avec sa bêche.
Et c'étaient des hommes ordinaires comme moi. L'un d'eux était conducteur de tramway, un autre était un commerçant itinérant, deux étaient étudiants, les autres étaient des agriculteurs. Des gens ordinaires qui n'auraient jamais pensé à faire du mal à qui que ce soit. Comment se fait-il qu'ils étaient si cruels ? Je me suis souvenu qu'on nous disait alors que le bon soldat tue sans penser à son adversaire comme à un être humain. Au moment même où il voit en lui un semblable, il n'est plus un bon soldat. Mais j'avais, devant moi, le... mort, le soldat français mort... et comme j'aurais aimé qu'il lève la main. Je la lui aurais serré et nous aurions été les meilleurs amis, parce qu'il n'était rien de plus, comme moi d'ailleurs, qu'un pauvre garçon qui devait se battre, qui devait foncer avec les armes les plus cruelles contre un homme alors qui n'avait rien contre lui personnellement, qui ne portait que l'uniforme d'une autre nation, qui parlait une autre langue, rien de plus qu'un homme qui avait un père et une mère, et une famille peut-être, et c'est ce que je ressentais.
Il m'arrivait de me réveiller la nuit, trempé de sueur, parce que je voyais les yeux de mon adversaire tombé, de l'ennemi, et j'essayais de me convaincre, de ce qui me serait arrivé si je n'avais pas été aussi rapide. Que me serait-il arrivé si je n'avais pas enfoncé ma baïonnette dans son ventre en premier? Qu'est-ce qui faisait que nous, soldats, nous poignardions, nous étranglions, nous nous battions comme des chiens enragés? Qu'est-ce qui faisait que nous, qui n'avions rien contre eux personnellement, nous nous sommes battus contre eux jusqu'à la fin et jusqu'à la mort ? Nous étions des gens civilisés, après tout.
Mais j'avais l'impression que la culture dont nous nous vantions tant n'était qu'un vernis très fin qui s'écaille au moment même où nous entrons en contact avec des choses cruelles telle que la vraie guerre. Se tirer dessus à distance, larguer des bombes, c'est quelque chose d'impersonnel. Mais voir le blanc des yeux de l'autre et courir ensuite baïonnette à la main vers cet homme, c'était contre ma conception et contre mon sentiment intérieur. D'autres questions?
-C'était magnifique. Coupez.
Envoyé par 815 le 4 mars 2021 à 00h09
GruikMan Vermisseau
Que pourrait faire aussi bon nombre de Poilus et Tommies.
Je pense que beaucoup ne parlaient pas de leur malaises pour ne pas apparaître poltron.
il leur a fallu des années pour temoigner.
A cette occasion je conseille, pour ceux qui ne l'ont pas vu :
They Shall Not Grow Old [Pour les soldats tombés]
https://www.all...ilm=262058.html
Il y a eu moult documentaires sur Arte aussi au sujet du centenaire 14-18 qui doivent être encore dispo sur leur site.
815 En réponse à GruikMan Vermisseau
Libel Vermisseau
"Putain de mort" du journaliste Michael Herr sur la guerre de Vietnam et qui a inspiré bon nombre de films devenus culte... A la fin les journaleux "embedded" se foutent de la gueule d'un média au pays qui leur demande "d'oter tout prestige à la guerre".
Page 271 de l'édition française au Livre de poche de 1980 :
" "Ôter tout prestique à la guerre !" Je veux dire, comment bordel! est-ce que l'on peut faire ça ? Allez donc faire disparaitre l'attrait d'un Huey, le prestique d'un Sheridan... Tu peux toi effacer le charme d'un Cobra ou d'une défonce sur China beach ? C'est comme de prendre son prestige à une M-79. [...] Ohhhh la guerre vous fait du bien, on ne peut pas enlever tout attrait à ça. C'est comme de vouloir enlever tout attrait au sexe, ou au Rolling Stone. "
... où tu comprends que c'est un gros kifff et que tout le monde cherche à tuer son viet ! YEAH Baby ! C'est ça la réalité...
Alors oui ça fait des pstd... Mais c'est au niveau individuel que cela se joue. Et ce boche là, il va pas me faire chialer. Surtout que ça lui permet d'étaler que LUI, il a tué. En l'occurence du français. Il n'y a pas beaucoup de tueur qui peuvent s'étaler comme ça dans la Presse... c'est bien malsain ce témoignage. :(
Ok c'était légal en son temps. Mais qu'il essaye de faire la même chose en remplaçant français par juif et ww1 par ww2 et on en reparle... devant un tribunal ! :]
Enfin je conseille les récits d'Ernst Jünger pour bien comprendre... Bien comprendre que c'est ce qui nous attend. ;)
PS et j'aime bien ces anglais qui pour leur reportage mobilise un boche tueur de froggies... :/
Tezota En réponse à Libel Lombric
-Seuls quelques auteurs (ayant vécu la guerre) en font l'apologie, la majorité la rejette et témoigne plus des horreurs qu'ils ont vécu. Et réalise plus tard le bourrage de crâne pour enlever l'humanité à l'adversaire (L'école française début XX qui expliquait aux enfant que l'Alsace et la Lorraine étaient Française et non bouffeuses de choucroute) , les rouge qui allaient manger vos enfants et n'étaient au final que des sauavges. Il suffit juste de regarder dans les premiers volumes de Totem pour voir des témoignages contre guerre de la première/seconde guerre ainsi que celle du Vietnam. Et pourquoi pas regarder Celle d’Algérie ou d'Indochine.
-Défendre et revendiquer un truc cool sans l'avoir vécu, c'est aussi pitoyable que le mec qui squatte à coté des mecs qui se défonce en criant "ouais, c'est trop cool la fumette" et revendique le droit à la défonce quotidienne sans jamais toucher à la drogue.
-Et c'est marrant l'analogie de la Gm1 et Gm2 et Juif / Francais. J'ai pas le souvenir que les juifs étaient en guerre contre les nazis, qu'une armée Juif (une vrai, hein avec général, organisation et gestions des stocks) avait envahit l'Allemagne. Non, tiens c'était surtout des civils.
Libel En réponse à Tezota Vermisseau
... 'tain je cite une référence qui a influencé toute la production cinématographique US sur la guerre à la fin du XXe siècle et "ça ne tient pas la route". Hi hi !
Il va falloir réviser ses classiques ;)
Quand à dire face caméra que l'on a tué quelqu'un et ceci en totale inpunité, libre à toi de ne pas voir le problème... :/
Au moins l'immense majorité des soldats ont la décence et la pudeur de se taire. Dont mon grand-père. Qui a fait Verdun. ;)
815 En réponse à Libel Vermisseau
Libel En réponse à 815 Vermisseau
On peut rapprocher ceci du coup des photos des dépouilles d'hommes et femmes que les soldats trimballent avec eux. Ce n'est pas qu'un truc de nazis. C'était archi classique chez les GI au Vietnam. Sans parler des mises en scène macabre. Et voir aussi Abu Grahib... Mais aussi les jeunes qui se filment en bande en train de tabasser qqn. On veut témoigner pour l'histoire et surtout dire qu'on était pas des mythos. Pas forcément se vanter. Idem pour les sextapes avec son coup du soir...
815 En réponse à Libel Vermisseau
Cyclomore En réponse à Libel Vermisseau
Les jeunes américains qu'on envoyait au casse-pipe là bas n'étaient pas plus bètes ni plus endoctrinés que les anciens nazi de la légion. Et faire du terrassement à dien bien phu n'est pas la seule manière dont les femmes Vietnamiennes ont participé à la victoire.
Bref, lui il à quand même embroché quelqu'un. De nombreux face à face se sont terminés sans violence dans les tranchées.
Libel En réponse à Cyclomore Vermisseau
Cyclomore En réponse à Libel Vermisseau
phil_good Ver singe (et torix)
815 En réponse à phil_good Vermisseau