Point de vu différent sur l'ours

Par Amarock
le 18 juin 2020 à 00h13
10 réponses

GRAND FORMAT. "SI L'OURS DISPARAÎT, MON MÉTIER VA MOURIR" : LE PLAIDOYER D'UNE BERGÈRE EN BÉARN
Une quinzaine de bergers du Béarn ont pris position pour la réintroduction du plantigrade dans les Pyrénées-Atlantiques, annoncée par Nicolas Hulot en mars. Le ministre de la Transition écologique et solidaire veut lâcher deux femelles pour donner une chance de se reproduire aux deux mâles isolés dans le département. Alors que ce projet a mis la majorité des organisations agricoles et des associations d'éleveurs du département sur le sentier de la guerre, Élise Thébault veut faire entendre un autre point de vue. "Ces gens qui parlent au nom de tous les paysans, je ne suis pas d'accord, expose-t-elle, avant de plaisanter. Je ne veux pas me retrouver pendue en haut de l'église d'Etsaut, mais il y a des choses qui doivent être dites. (...) Nous sommes là-haut, notre parole aussi doit avoir du poids."

Pour monter à la cabane de Salistre (à 1 750 m d'altitude), il faut suivre un sentier qui surplombe les gorges de l'enfer et la rivière du Sescoué. La promenade offre une vue imprenable sur le versant opposé où Cannelle, la dernière ourse de souche pyrénéenne, a été abattue par un chasseur en 2004. Un peu plus loin, près de l'embranchement du sentier du GR10 qui traverse toute la chaîne des Pyrénées, un morceau de barbelé accroché à un arbre rappelle que les randonneurs ne sont pas les seuls à remonter ce vallon qui conduit au pied de l'estive d'Élise Thébault. Ce piège à poils permet au réseau Ours Brun, mis en place par l'État, de surveiller les allers-venus des ursidés dans le coin. Depuis juillet 2017, des indices de la présence de l'animal ont été relevés à six reprises sur la seule commune d'Etsaut, selon les chiffres de la DREAL Occitanie.

La réintroduction ne va pas nous faire cohabiter avec l'ours. On y est déjà.

Élise Thébault

Une présence que la bergère, qui travaille dans les Pyrénées depuis 2003, juge normale, contrairement à ses collègues anti-ours. "La cohabitation entre un prédateur qui est l'ours et le pastoralisme est complètement impossible et insupportable", expliquait en mars sur franceinfo Olivier Maurin. Le président de la fédération transpyrénéenne des éleveurs de montagne, dont la ferme se trouve à l'entrée de la vallée d'Aspe, soulignait notamment les risques d'attaques et l'exemple de l'Ariège où vivent la majorité des 43 ours du massif – 126 attaques pour 404 brebis tuées en 2017.

"Ici, il y a toujours eu des ours", répond Elise Thébault. "Quand j'entends certains dire que l'ours est incompatible avec le pastoralisme, c'est un mensonge. Les bergers ont toujours dû cohabiter avec lui." C'est en effet entre Aspe et Ossau que se trouvait le dernier refuge de l'animal dans la chaîne avant les premières réintroductions d'ours slovènes en 1996. Pour Élise Thébault, l'animal est un "bouc-émissaire" des difficultés – prix, concurrence étrangère, rareté des terres – du monde agricole. "En réalité, il a très peu d'impact sur les estives. C'est rare de le croiser, c'est un animal sauvage", qui mange principalement des végétaux, rappelle la bergère. Depuis qu'elle s'est installée à Salistre, à l'été 2012, elle ne l'a jamais vu. Selon les rapports du Réseau Ours Brun, 18 attaques et 41 victimes ovines ont été imputées à l'ours dans les Pyrénées-Atlantiques depuis cette date. La dernière remonte à 2015.

La bergère Élise Thébault surveille son troupeau, le 17 juillet 2018 à Etsaut (Pyrénées-Atlantiques).La bergère Élise Thébault surveille son troupeau, le 17 juillet 2018 à Etsaut (Pyrénées-Atlantiques). (THOMAS BAÏETTO / FRANCEINFO)

En six ans, Elise Thébault n'a connu qu'un seul assaut, à la Soum d'Ypy, son estive intermédiaire d'Etsaut où elle fait monter son troupeau de 200 ovins au printemps. "Il n'a jamais touché les brebis quand j'étais là, pose-t-elle. Mais j'en avais égaré deux dans la montagne. C'est lui qui les a trouvées le premier, il m'en a pris une." Un chiffre qu'elle compare avec la douzaine de bêtes emportées par la maladie sur la même période ou les 15 fausses couches provoquées par les chiens des voisins dans ses quartiers d'hiver, en vallée de Soule. "Ils leur couraient après pour jouer, elles finissaient par tomber par terre d'épuisement. Le problème, ce n'est pas l'ours, ce sont les gens qui ne tiennent pas leurs chiens", assène-t-elle.

Dans sa petite cuyala – cabane en béarnais – de 12 m2 éclairée à la bougie, Élise Thébault attrape un dictionnaire et l'ouvre à la lettre B. "'Berger : personne qui garde les moutons', lit-elle à voix haute. C'est notre métier de protéger les brebis. Sinon, t'es éleveur." Une petite pique adressée à ceux qui ne montent plus en estive et laissent parfois leur troupeau pacager sans surveillance dans la montagne. Pour Élise Thébault, la présence du prédateur est même l'une des raisons d'être de sa profession.

Si l'ours disparaît, la montagne va se vider de ses hommes et le vrai métier de berger va mourir.

Élise Thébault

Pe Descaous, une marque lancée en 1995 par le Fonds d'intervention écopastoral (Fiep). L'association, qui milite pour la cohabitation entre l'ours et le berger, veut faire de l'animal, emblème des Pyrénées, un atout marketing pour les producteurs de fromage, nous avait expliqué son président, Gérard Caussimont, en avril.

L'ennemi d'hier sert à la promotion du fromage.

Gérard Caussimont

En échange de l'empreinte, le berger doit respecter un cahier des charges et s'engager à soutenir la cohabitation avec le plantigrade. Un engagement que ne regrette pas Élise Thébault. "Je le vends à des crémeries qui sont très contentes d'avoir la patte d'ours", témoigne-t-elle. La bergère se souvient de ce fromager breton qui avait posé avec sa tomme de brebis dans les colonnes du journal local. "Pour la photo, il aurait pu prendre n'importe quel fromage, il a pris le mien pour présenter sa crémerie", glisse-t-elle avec fierté. Il y a aussi cette photographe de Chambéry, qui a servi son Pe Descaous – un surnom béarnais de l'ours qui signifie "va-nu-pieds" – au vernissage de son exposition sur le pastoralisme. Selon un sondage, réalisé par l'Ifop pour les associations de protection de l'environnement en février, 84% des Français et 76% des habitants du département sont favorables à l'ours.

Cela touche nos clients de savoir que l’on s’intéresse à ce qui se passe autour de nous et que nous respectons notre environnement.

Élise Thébault

La bergère Élise Thébault traie ses brebis à la main, le 17 juillet 2018 à Etsaut (Pyrénées-Atlantiques).La bergère Élise Thébault traie ses brebis à la main, le 17 juillet 2018 à Etsaut (Pyrénées-Atlantiques). (THOMAS BAÏETTO / FRANCEINFO)

L'animal ne fait pas que la publicité du fromage. Depuis des dizaines d'années, sa présence dans le massif pyrénéen permet aux bergers de toucher un certain nombre d'aides financières de l'Etat – détaillées dans une récente circulaire. "Je vis de mon fromage mais les aides nous permettent de mieux faire notre travail", explique Élise, avant de préciser qu'elle ne se sort pas de salaire. À Salistre, ce coup de pouce finance une grande partie de l'héliportage, du muletage (l'acheminement de produits à dos de mulet), de l'achat de chiens de protections et couvre entièrement le salaire de la bergère qui la remplace en estive. "Sans les aides, je ne pourrais pas me payer ses services", résume Élise Thébault. Pour elle, s'opposer à la réintroduction revient à mettre en danger ce système de soutien à l'économie de montagne. "S'il n'y a pas de réintroduction, il n'y a pas de raisons que les aides continuent. Ceux qui les prennent tout en étant contre l'ours devrait se poser la question", lance-t-elle.

l'Union des producteurs fermiers du 64 et l'Association des éleveurs transhumants des 3 Vallées béarnaises (AET3V), ont décidé de boycotter la traditionnelle fête du fromage organisée le 29 juillet. Motif : la présence, comme les années précédentes, de deux ONG favorables à l'ours, Férus et le Fiep. "On craint que, de part et d'autre, on vienne en découdre. On n'a pas envie pour notre fromage que cette fête soit arbitrée par des CRS et des grenades lacrymogènes", s'est justifié sur France Bleu Julien Lassalle, président de l'AET3V et frère du député.

De son côté, le Fiep dénonce des "pressions inadmissibles" contre la mairie pour exclure les associations. "C'est une stratégie pour faire monter la tension et faire peur aux gens. Cela nous rappelle des heures sombres de notre histoire avec des méthodes totalitaires envers ceux qui ne sont pas du même avis", assène Jérôme Ouilhon, animateur du Fiep. Pour que la fête ait tout de même lieu, Élise Thébault se "bouge" afin de remplacer les éleveurs partis. "Tant mieux, ça permet à de nouveaux de s'investir et ça laisse de la place aux jeunes", estime-t-elle.

Les brebis d\'Élise Thébault sont des Manech tête noire, une race locale des Pyrénées.Les brebis d'Élise Thébault sont des Manech tête noire, une race locale des Pyrénées. (THOMAS BAÏETTO / FRANCEINFO)

Malgré ces tensions, elle espère que Nicolas Hulot, qui a annulé sa visite prévue le 23 juillet à Laruns, ne renoncera pas à son projet, comme d'autres avant lui. "C'était dans les tuyaux depuis quinze ans. J'espère que, cette fois-ci, ce ne sera pas un coup d'épée dans l'eau", commente-t-elle, prudente. Pour le moment, aucune date précise, aucun lieu n'ont été annoncés pour le lâcher des deux ourses promises. Le 26 mars, le ministre évoquait une réintroduction "à l'automne". Élise Thébault espère qu'elle se fera chez elle, à Etsaut, "parce que, nous, on fera au mieux pour que cela se passe bien""Les autres ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas, juge-t-elle. Les bergers favorables à l'ours travaillent tous dans la zone où il se trouve." Ses brebis doivent quitter l'estive de Salistre à la mi-octobre. "Je serai peut-être encore là quand ils les réintroduiront", calcule Elise Thébault, avant de lancer : "Ça ne me fera pas redescendre plus tôt."

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 Reportage : Thomas Baïetto

PS : désolé pour le thread, j'ai essayer de poster avec l'URL ( c'est un article de franceinfo) mais ça ne fonctionnait pas ( problème surement résolu en V3)


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Tzeenchy Fen Lombrik

Tout ça à cause de ces millions d'aventuriers niveaux 2 à qui on demande de rapporter 10 peaux d'ours en échange de 5 pièces de cuivre, un bout de pain et 50 points d'exp...
+ 13 -

Necropaf LoMBriK addict !

J'ai lu l'article en diagonale(environ 7 secondes, dont 5 pour scroller).
Première phrase: ...SI L'OURS DISPARAÎT, MON MÉTIER VA MOURIR...
Milieu de l'article, une photo de femme qui verse du lait.
Fin de l'article: une espèce exogène de brebis à dos bleu.
Oki.
J'en déduis que les trayeuses d'ours sont dans une situation difficile, car leur cheptel est décimé par l'arrivée de brebis à dos bleu. Il doit certainement y avoir un lobby dans le coup, car le fait qu'on en parle pas aux infos en est une preuve des plus implicites.
+ 1 -

capitaine_rectum Vermisseau

c'est pour ca qu'il faut votez jean lassalle (je suis sérieux)
+ 3 -

Machiavel En réponse à capitaine_rectum Vermisseau

le pb c'est qu'on ne comprend à ce qu'il raconte :/
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sandrine65100 En réponse à Machiavel

c''est le probléme de beaucoup de béarnais.....
+ 1 -

capitaine_rectum En réponse à Machiavel Vermisseau

bah je suis pas bearnais et malgré son accent jarrive a le comprendre sans soucis
+ 1 -

Kudsak Vermisseau

Nicolas Hulot ? Ministre ? C'est pas de toute fraicheur...
+ 2 -

Sto Vermisseau

Absolument rien à voir, mais en allant sur https://lelombrik.net/random je suis tombé sur ce post qui se trouve être le dernier a avoir été posté au moment où j'écris. J'ai trouvé ça plutôt improbable alors je fête ça en écrivant ce commentaire.
J'en profite pour demander s'il est prévu d'avoir dans la V3 un URL random qui va chercher par exemple uniquement dans les images ? (Ou si ça existe déjà) genre https://lelombrik.net/randomImage
+ 3 -

Grand_Ma Vermisseau

Si ça fait 15 ans que c'est ours mâles n'ont pas vues de femelles, c'est trop tard depuis le temps soit ils sont devenus homosexuel ou bien leurs couilles ont explosés.
+ 1 -

Doupitoum Vermisseau

Elise Thébault
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