Tomteub et la hache maudite. 4
Tomteub avait vu Offerus lever les yeux vers lui. Il n'avait pas attendu plus longtemps, et s'était mis à courir pour finir de traverser le petit pont, mettre le plus de distance possible entre eux deux.
Mais la semelle de sa chaussure droite s'était accrochée dans un noeud d'un des deux morceaux de tronc qui formaient le petit pont. Il s'était senti partir en avant, s'était rattrapé au garde-corps qui bordait uniquement un côté du pont. Il l'avait senti craquer sous son poids, mais avait tout de même pu utiliser le peu de résistance qu'il avait opposé à sa chute pour tomber à plat ventre sur la fin du pont. La face dans l'herbe, il sentait une douleur dans les côtes, juste à l'endroit où un autre noeud s'était enfoncé.
Il se releva, sentant la douleur irradier tout son torse du côté gauche. Chaque mouvement lui coûtait. Son pied sortait complètement de ce qui restait de sa chaussure droite, la semelle ne tenant plus à la chaussure proprement dite que par le talon. Le lacet s'était cassé à l'endroit où il avait été utilisé pour maintenir le tout, mais la boucle autour de sa cheville était toujours nouée.
Bordel de merde. Impossible de s'enfuir dans ces conditions. De toutes façons, même avec une paire de chaussures neuves, il n'aurait pas pu courir. Il devait avoir une côte cassée. Il sourit tristement comme l'idée d'avoir une nouvelle paire de chaussures, "qui courent vite", lui traversait la tête.
Il se secoua les pensées. Ce n'était pas le moment de retomber en enfance. Réfléchir. L'autre serait là dans trois minutes maintenant, allez, cinq, en comptant sur le terrain accidenté. Il allait falloir l'affronter. Tomteub regarda autour de lui. Derrière cet énorme chêne, il pourrait se cacher. Et tenter de prendre Offerus par surprise quand il passerait devant lui.
Il avait posé son sac pour être plus libre de ses mouvements. Il avait vu la hache, avec sa chaussette qui en cachait la tête. Il avait pensé à la prendre, il avait imaginé son acier luisant s'enfoncer dans le crâne de son poursuivant, faire éclater cette chevelure blonde qu'il avait aperçu de loin, et tendu la main pour l'extirper des lanières.
Non ! Un sentiment de clarté envahit d'un coup son esprit. Comme à chaque fois qu'il regardait la hache, il devait faire preuve d'un contrôle de soi, d'une force mentale dont il n'avait pas besoin en temps normal, sans quoi ... Il ne savait pas bien. Il s'était rendu compte, au fur et à mesure de sa fuite, qu'elle exerçait une influence sur ses pensées. Le premier jour où il l'avait tenue dans ses mains, il avait mis ça sur le compte de la fatigue. Les quelques fois suivantes aussi. Mais il avait fini par s'apercevoir que tout ce temps qu'il passait comme hypnotisé n'était pas normal. Pas rationnel non plus ...
Il avait fini par ne plus la sortir, ne plus la toucher, mais ne pouvait pas se résoudre à la jeter.
Il avisa un petit charme mort sur pied. Il pouvait le casser, et se faire un gourdin pour assommer son poursuivant. Alors qu'il se pendait au tronc de tout son poids pour le casser, ce ne fut pas le tronc qui cassa, mais les racines, et il se retrouva le cul par terre, en même temps que le choc se propageait dans ses côtes douloureuses.
Un éclair lui traversa l'esprit.
Il fonça vers le petit pont.
Les deux morceaux de tronc étaient maintenus solidairement par des pieux, de chaque côté et aux extrémités. Un des pieux des côtés était plus long que l'autre, et servait de support au garde-corps. Il était brisé en son milieu, et le garde corps pendait dans le courant, encore rattaché à l'autre extrémité du pont. S'il était pourri ...
Tomteub essaya de l'extraire du sol, mais il se cassa dans sa main. Ce n'était pas grave. Il était maintenant suffisamment court. Il s'accroupit, saisit le premier morceau de tronc, et poussa le plus fort qu'il pouvait sur ces cuisses. La douleur dans les côtes lui fît pousser un cri de douleur, il faillit tout lâcher, mais continua son mouvement, parvint à soulever le tronc et, d'un geste latéral qui lui arracha un nouveau cri de douleur, à le faire basculer dans le courant. Sauf que le bout de tronc, coincé à l'autre extrémité, s'en vint se ficher dans la rive.
Tomteub commençait à se dire que ça commençait à puer la merde cette histoire. Il s'assit sur le bord de la rive, et, en appui sur ses bras, donna des coups de pied dans le tronc. Au prix d'une douleur continue dans ses côtes.
Au bout du quatrième, l'extrémité de l'autre rive se dégagea enfin, d'un coup sec, et le tronc tomba dans l'eau, manquant de l'entraîner en même temps quand la résistance à laquelle il s'attendait se déroba sous son pied. Le tronc fût emporté en moins de deux secondes, et il le vît disparaître dans la cascade.
Il se remit debout en tremblotant, en pleine poussée d'adrénaline, et s'attaqua au deuxième bout de tronc. C' était l'extrémité haute de ce qui avait été le pin qui avait servi à faire le pont, et elle était plus légère. Il l'arracha du sol en poussant un cri profond, à la manière des haltérophiles, extériorisant la douleur, la peur, la colère, ... Alors qu'il arrivait en haut de son arraché, il vit la chevelure de son poursuivant émerger de derrière les rochers.
Il termina son cri en le transformant en un cri de victoire, de défi, comme d'un mouvement tournant il jetait à l'eau ce qui restait du pont. Il vit du coin de l’œil le tronc partir rapidement dans le courant, son poursuivant le regarder, et voir le tronc basculer dans la cascade.
Ils se regardaient maintenant sans rien dire. Face à face. A trois mètres l'un de l'autre. C'était la première fois qu'il voyait Offerus en personne. Après un an et demi de cavale, il pouvait enfin voir qui il fuyait. Son visage mangé par une barbe châtain était crispé de colère. Il avait les poings contractés. Son regard dégageait une haine qui faisait froid dans le dos. Il semblait se retenir de sauter dans le courant pour essayer de le frapper.
S'était donc ça qu'il fuyait ... Mettre un visage, un corps sur la peur qui ne le lâchait plus depuis plusieurs mois le détendit, d'un coup. Premièrement, c'était un humain, rien qu'un humain. Et ensuite, il était seul désormais.
Malgré sa fatigue, sa douleur, Tomteub était rassuré, serein. Ce n'était rien qu'Offerus. Rien qu'un fanatique, un fou, comme il en avait déjà affronté quelques fois dans sa vie au cours de ses déambulations nocturnes.
Ils restèrent encore quelques secondes immobiles, puis Tomteub lui jeta un dernier regard plein de mépris et se retourna pour reprendre sa route, en boitant sur son pied nu ou s'enfonçait les branches, les cailloux.
C'était un peu débile de sa part, mais il attendrait d'être hors de vue pour rafistoler sa chaussure, il voulait soigner sa sortie. C'était maintenant une affaire personnelle.
tomteub Vermisseau
Option 1 : Tomteub rafistole sa chaussure comme il peut. Arrivé à un embranchement du sentier, il prend à gauche, sur le sentier en descente.
Option 2 : Tomteub rafistole sa chaussure comme il peut. Arrivé à un embranchement du sentier, il prend à droite, sur le sentier en montée.
Acide En réponse à tomteub Doublombrik
:-p
tomteub En réponse à Acide Vermisseau
Acide Doublombrik
Pepette En réponse à Acide Lombrikette
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eyhtern En réponse à Acide
sandrine65100
Pepette En réponse à sandrine65100 Lombrikette
option 2 (ici)
Bon courage tomteub pour le décompte ;)
MarcusKhaine
tomteub En réponse à MarcusKhaine Vermisseau
MarcusKhaine En réponse à tomteub
Thiche Colonel Chat-Ver
gobes Jeune asticot