Au début des années 1960, la NASA s'occupait de la conception de sa future fusée lunaire. Deux options furent considérées pour le premier étage : les moteurs-fusée à liquide (kérosène et oxygène) ou la propulsion à ergol solide ("moteur fusée à poudre")
La firme Aerojet fut mise en charge du design et de la construction de ce dernier. S'installant dans les Everglades, une usine entière fut construite, avec des bâtiments dédiés à l'assemblage, au test, et à la mise à feu.
Les moteurs eux-mêmes étaient gargantuesques : 6.6 mètres de diamètre pour 24 mètres de long, les premiers pouvaient fournir une poussée allant jusque 1600 tonnes pendant leurs deux minutes de mise à feu.
Ils étaient en fait tellement gros qu'il fallut l'aide d'un chantier naval spécialisé dans les sous-marins pour en construire les principaux éléments (Sun Shipbuilding & Drydock Co.). Ceux-ci ont alors transportés jusqu'aux everglades par barge, et acheminés jusqu'à l'usine Aerojet grâce à un canal creusé spécialement à cet effet.
Une énorme grue était utilisée pour les descendre tête en-bas dans un silo en béton, creusé dans le sol pour contenir les débris en cas d'explosion. Ils étaient alors chargé de leur 746 tonnes de carburant. L'ignition synchronisée du tout était elle-même assurée par un moteur-fusée plus petit, un B3 modifié, équipant originalement les missiles nucléaires Polaris.
Un total de trois moteurs furent ainsi assemblés et testés. Le premier, mis à feu de nuit, fut visible depuis Miami, à 50 kilomètres.
Le dernier utilisa une tuyère modifiée, atteignant son plein potentiel, avec une poussée de 2670 tonnes. Ce test fut toutefois un échec : vers la fin de la mise à feu, il éjecta une partie de sa propre tuyère.
Cela marqua la fin des tests, la NASA décidant d'opter pour la technologie concurrente, les moteurs à ergols liquide "F1" de Rocketdyne. Moins puissants, cinq d'entre eux équiperont le premier étage des fusées Saturn V.
Aerojet mit ses installations à la remise espérant que les moteurs fusées à poudre géants reviennent au goût du jour. Ils finirent par revendre le terrain au gouvernement de Floride en 1986.
Le troisième et dernier moteur est toujours présent dans le silo, abandonné.
Il n'était qu'une version réduite de moitié du moteur "final" destiné à équiper la fusée lunaire. Il reste tout de même aujourd'hui le plus puissant moteur-fusée jamais mis à feu.
http://www.astronautix.com/a/aj-260.html
Envoyé par pYranha le 1 septembre 2018 à 18h49
pYranha Lombreek
MaxiTroller Lombric hué
titouille En réponse à MaxiTroller
Mousse En réponse à MaxiTroller Vermisseau
Mais si j'écoute ça trop longtemps, je tombe en dépression.
MaxiTroller En réponse à Mousse Lombric hué
34good Vermisseau
La vache !
mrjhack Asticot
Le plus intéressant ; le texte explicatif.
Par contre la musique des "watoo watoo", c'est pas top :/
MrZ4n4rk Vermisseau
746000L x 1,59€ = 1 186 140
1,59 c'est le prix au litre chez moi.
Je voudrai pas payer le plein.
pYranha En réponse à MrZ4n4rk Lombreek
C'est difficile de savoir combien leur coûtait le perchlorate d'ammonium à l'époque, mais en cherchant un peu j'ai trouvé un site qui en vends au gros à $13 par kg. Ca fait de l'ordre de $6.700.000 par lancement juste pour ce composé!
A ça s'ajoute le fait qu'il fallait le mélanger à la poudre d'aluminium et au caoutchouc pour en faire un solide. Et c'est loin d'être aussi simple qu'on pourrait le croire : le tout doit être mélangé de façon très homogène, les inhomogénéités pouvant causer des pertes de performances et des oscillations de poussée potentiellement catastrophiques. Imagine les précautions qui doivent être prises pour mélanger 746 tonnes d'explosifs, puis charger le tout dans le booster!
(Ci-dessous, une vidéo d'une usine de perchlorate d'ammonium, qui fournissait notamment celui de la navette spatiale, et a eu un léger accident...)
https://youtu.be/gGSx54CkWsQ
Nainbierophile En réponse à pYranha Lombric
pYranha Lombreek
D'autres très belles images rassemblées sur ce forum :
https://www.roc...er-made.143324/