Vendredi 15 Janvier 2016
Jeudi 14 Janvier 2016
Offerus, le livre évènement (auto-promo dans ta face !)
Au retour de mon pèlerinage en Lituanie, je rendais parfois visite à Claude, un ami cancéreux en phase terminale. Il voulait en savoir plus sur mon périple. Je me proposais de lui lire les notes que j’avais prises au jour le jour mais il refusa. Il ne pouvait souffrir l’aspect « garde-malade qui lit un bouquin à un mourant » que cela impliquait. Je lui proposais de mettre au propre ces notes et de lui apporter régulièrement. En écrivant, des tas de choses me revinrent en mémoire, ce qui fait que le résultat final est bien plus épais que mon petit carnet.
Claude apprécia les premiers feuillets mais eut le mauvais goût de mourir avant d’avoir lu la fin. Je trouve ça plutôt malpoli, mais bon. Ses encouragements m’ont permis d’accoucher d’un petit fascicule mal écrit, truffé de fautes et pas très branché vivre-ensemble ni éco-responsabilité. C’est ce chef-d’œuvre que je vous propose d’acquérir pour la modique somme de 15 € fdp compris (fdp, c’est frais de port, pas fils de pute, essayez de suivre). Naturellement, je me ferais une joie de vous dédicacer l’ouvrage sur demande (exemple : « pour Babausse, à qui je souhaite beaucoup de bonheur et un peu de bon sens. Bisous partout, Offerus »). Gardez tout ça précieusement, mon premier ouvrage dédicacé vaudra des millions quand je serai admis à l’Académie française.
Mais ce n’est pas tout ! Je me disais que, quitte à faire une auto-promo sur LeLombrik, autant qu’elle soit Solidaire, Citoyenne, Alternative et Humaniste. Je propose donc de reverser 2 € au site pour tout membre qui achètera ledit codex. Cela devrait permettre à Alix de gagner ainsi 4, 6 voire même 8€ !
J’ai reçu le bon à tirer et il y a eu des erreurs de mise en page que je suis en train de corriger (sous 5 jours, ce sera bon je pense). Ça m’arrangerait que vous commandiez directement auprès de moi. Vous pouvez me contacter sur mon adresse mail : [email protected]. Je vais faire une commande d’ici 10 jours, il faut compter 8 jours pour la réception des bouquins, et 3 jours pour que je les réexpédie tous individuellement. Pour les timides, un lien sera bientôt disponible pour commander en ligne.
Je sais que vous mourez déjà tous d’envie de commander cet ouvrage sublime. Mais pour vous aguicher encore plus, telle une vieille pute qui tapine en jarretelles, voici le quatrième de couverture (torché au dernier moment, je n’y avais pas pensé) ainsi que l’introduction.
Quatrième de couverture:"Des récits d'aventure, il y en a des pleins rayons dans les librairies. Des hommes sont partis plus loin, plus longtemps, dans des conditions plus dures. Mais là, c'est moi qui pars et peu m'importe que le pied d'autres explorateurs ait foulé le sol avant le mien. En prenant la route à pied, je ne cherche pas à être un cas unique mais au contraire à me rattacher à la chaîne immémoriale des pèlerins, des aventuriers, des fous et des rêveurs d'absolu qui m'ont précédé au sein de la vieille Europe.
Dans mon périple, sans argent, je n'ai pas eu à me battre contre des tribus de sauvages ou des ours polaires. Mais en quarante-cinq jours, j'ai rencontré le dernier fermier allemand de Prusse orientale, un jardinier latiniste, un moine physicien, des paysans milliardaires. Et beaucoup d'autres, qui m'ont accueilli avec une gentillesse et une confiance qui m'étonnent encore aujourd'hui".
Introduction (pour les gourmandes).
"Tu t'es regardé ? Là, bien avachi devant ton ordi ? Avec tes bourrelets au bide, tes yeux rougis par l'écran, ton esprit endormi par les vidéos à la con et les conversations virtuelles ? Depuis combien de temps tu n'as plus prié ? Lu un livre ? Fait du sport ? Pris un cours de langue ? Appris la moindre chose ? Ah, c'est facile de se gargariser sur l'honneur, la tradition, l'amour courtois et toutes ces conneries. Et en attendant, tu fais quoi ? Tu végètes, tu larves, tu laisses glisser ta vie entre tes doigts. J'aurais pu ne pas avoir le choix, naître miséreux, lourdement handicapé, et devoir me contenter de subir ma vie. Mais non, je suis un petit bourgeois occidental en pleine santé et je gâche tout par paresse et manque d'appétit de la vie. Au-dessus de mon bureau, les portraits d'Ernst Jünger et d'Hélie de Saint Marc doivent être fiers de moi. Mauvais serviteur ! Tu dilapides l'héritage !
Minute papillon. Jünger et Saint-Marc, ils sont devenus ce qu'ils sont devenus parce que les circonstances le leur ont permis. Peut-être avaient-ils des prédispositions, mais c'est l'expérience de la guerre qui a forgé leur âme. D'autres ont connu des révolutions, des continents à explorer, une foi ou un idéal vibrant. Mais moi ? Je suis un produit du monde moderne, comme les autres. On n'échappe pas à son époque. Cinquante ans de consumérisme, de relativisme culturel, de déconstruction des archétypes. Plus de guerrier ni de prêtre, ni de poète. Baudelaire l'a dans le cul ! J'ai beau jouer les cyniques, je subis le monde, comme les autres. « Ils n'en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ».
Mais là, merde, l'emprise de la modernité devient de plus en plus puissante. Ma vie n'est plus qu'une succession de distractions, tout est plat, terne et abrutissant. Je deviens semblable au dernier homme de Nietzsche. Mais non !!! Je ne veux pas mourir. Je veux vivre. Je ne veux pas que mes idéaux disparaissent derrière ma trentaine et ma bedaine. Je veux que ma vie serve quelque chose de plus grand que de cumuler des points-retraite ou de payer les traites du crédit de la Laguna. Folie ? Bêtise ? Adolescence perpétuelle ? Je n'en sais rien.
Je me rappelle, j'étais allé bosser dans le Caucase, en Kabardino-Balkarie. On construisait une église avec des volontaires lituaniens. Ils m’ont bien plu, je ne connaissais pas ce peuple,. Ce sont un peu des Basques du Nord, on ne comprend pas très bien comment ces gens se sont retrouvés dans ce coin de l'Europe. Leur situation géographique les a mis entre deux univers qui ont tendance à déborder un peu quand ils dessinent leurs frontières : le marteau germanique et l'enclume slave. Ils sont restés païens très longtemps, convertis par le glaive apostolique musclé des chevaliers teutoniques à la fin du XIIème siècle. Puis, c'est le catholicisme qui leur a servi de foi de résistance, face au luthéranisme prussien et à l'orthodoxie russe.
Pendant la deuxième guerre mondiale, les Lituaniens furent les seuls Baltes à refuser la compromission avec l'Allemagne. Imaginez que ces salauds ne daignaient participer à la croisade contre le bolchévisme que sous la promesse ferme d'une indépendance et la constitution d'une armée nationale ! Naturellement, cette demande s'accorda mal avec la remarquable souplesse diplomatique et l'ouverture d'esprit légendaire du national-socialisme. La police allemande se fit donc un devoir d'emprisonner les nationalistes lituaniens et poussa la gentillesse jusqu'à oublier tous les dossiers à leur sujet au moment de leur départ en 1944. Le KGB se félicita de cette inadvertance -purement fortuite, n'en doutons pas - et se mit gaiement à fusiller tous ces suppôts du capitalisme et de la Réaction. Mais bon, c'était par amour du prolétariat, on ne peut pas comparer avec les atrocités nazies, faut pas tout mélanger, un peu de déontologie.
Assez curieusement, le peuple lituanien se montrait dubitatif quant à sa libération par le communisme et à l'instauration du paradis prolétarien. Vous savez comment sont les gens, vous fusillez dix mille des leurs et hop, ils font des amalgames. Leur refus du vivre-ensemble soviétique alla jusqu'à la constitution de maquis rassemblant plusieurs dizaines de milliers de combattants (plusieurs centaines de milliers avec leurs compagnons d'Estonie et de Lettonie). Ils se nommèrent eux-mêmes les « frères de la forêt ». Fallait voir leurs tronches ! Équipés de bric et de broc, casquettes lituaniennes, vestes polonaises, grenades allemandes et fusils russes. Ils portaient la coiffure traditionnelle, de longs cheveux dénoués qui tombent aux épaules. J'aime bien ce look, avec les unifs et les flingues ça donne un côté baba cool de droite. Ils réussirent à emmerder l'Armée Rouge jusqu'en 1954, date à laquelle 35 000 exécutions et 300 000 déportations en Sibérie eurent raison de la résistance petite-bourgeoise de tous ces voyous fascistes.
Il y a un gros talus au nord de la Lituanie. Les gens prirent l'habitude d'aller planter une croix dessus, chaque fois qu'ils avaient un martyr. C'est vous dire s'ils ont été gâtés entre 1939 et 1945 ! Des milliers de croix de bois ont fleuri, chargées de douleur, de tristesse, mais aussi d'espoir, de foi et de la volonté farouche de tout un peuple. Depuis, c'est devenu un lieu de pèlerinage, fait remarquable puisqu'il n'y a eu ni apparition, ni saint, ni grand monastère sur cette place.
Bref, pourquoi je vous parle de tout ça, moi ? Ah, oui, je me verrais bien partir en pèlerinage là-bas. Depuis Lyon et sans argent si possible. Tu vas voir, je m'en vais te les créer, moi, les circonstances de l'aventure ! Puis l'Allemagne et la Pologne, ça me branche, on a toujours l'impression que l'Europe se résume à la culture anglo-saxonne ou latine. Germains et Slaves restent méconnus, voir méprisés. Ah, oui, ça me plairait bien de partir !
Facile à dire, mais j'ai mon magasin à gérer, ma grand-mère malade, ma mère seule, faut nourrir le chat, et qui va arroser les plantes vertes en mon absence ? Ah, comme c'est agréable de se trouver une tonne de bonnes raisons pour ne pas agir. Il ne me reste plus qu'à me rendormir. Pour me réveiller, il me faudrait un sacré signe du Ciel.
Tiens, voilà que je discute avec un curé toulousain. Il me dit qu'il y a quelques jours, il a accueilli un groupe de pèlerins lituaniens. Les mecs sont venus à pied depuis là-bas en portant une croix. Ils vont jusqu'au Portugal, où ils prendront un bateau pour le Mexique. Eh ben, le voilà mon signe ! Allez hop, je me remue, je tranche les mauvaises raisons qui me retenaient prisonnier et je prends ma décision. Je pars, je reprends ma liberté".